Le Journal de Quebec

Le géant de l’acier Canam roule à fond avec son ami américain

L’entreprise de la famille Dutil ne souffre pas des tarifs douaniers de Trump

- SYLVAIN LAROCQUE

Marc Dutil, PDG du fabricant de structures d’acier Canam, prononcera mercredi une allocution intitulée « Surfer sans se noyer » devant le Conseil des relations internatio­nales de Montréal. Le Journal parle avec lui de tarifs douaniers, de pénurie de maind’oeuvre et de croissance.

Q : Cela fait un peu plus d’un an que Canam s’est retirée de la Bourse. L’entreprise est désormais contrôlée par la firme d’investisse­ment American Industrial Partners (AIP) de New York, qui détient une participat­ion de 60 %. Comment cela se passe-t-il ?

R : Ça va très bien. La famille Dutil, la Caisse de dépôt et le Fonds FTQ possèdent 40 % de Canam. La famille a maintenant plus d’actions de l’entreprise qu’avant la transactio­n. Beaucoup de gens pensent qu’on a laissé aller Canam, mais en fait, on a augmenté notre participat­ion. Et je suis persuadé que le pourcentag­e de détention par des Québécois a augmenté lui aussi.

VENTES EN HAUSSE DE 10 %

Q : Est-ce QU’AIP vous aide à ouvrir des portes aux États-unis ?

R : C’est encore Canam qui fait le travail pour décrocher les contrats. Mais AIP nous aide avec les systèmes de gestion et l’améliorati­on de l’efficacité dans les usines. Ils nous donnent une certaine rigueur dans le rythme. Nos indicateur­s sont tous positifs. Nos ventes sont en hausse de 10 % cette année. Nous sommes passés d’environ 4300 à plus de 4700 employés, et ils sont plus occupés que l’an passé.

Q : Vous profitez pleinement de la vigueur de l’économie américaine ?

R : Oui. Les trois quarts de nos ventes viennent des États-unis. Ceci dit, il faut mettre les choses en contexte. La constructi­on non résidentie­lle va beaucoup mieux qu’il y a dix ans, mais on n’a pas encore retrouvé le niveau de 2006, avant la crise, et on est encore loin des niveaux des années 1970. Ça va bien, parce que c’est allé tellement mal, mais sur 50 ans, ce n’est pas un sommet.

TARIFS DOUANIERS

Q : Quel est l’impact des tarifs douaniers imposés sur l’acier par l’administra­tion Trump ?

R : L’acier ne représente pas la majorité de nos coûts, mais nos prix de vente ont quand même augmenté. Ça nous fait de la peine pour nos clients, parce que c’est eux qui paient en fin de compte. Heureuseme­nt, l’économie va bien, donc on se retrouve quand même en bonne position.

Q : Vivez-vous la pénurie de maind’oeuvre dont on a tant parlé pendant la campagne électorale ?

R : Oui. On est en train de recruter en Colombie. La Beauce a déjà un bassin de gens qui viennent d’amérique latine, alors c’est plus facile. On vise des groupes de 10 à 15 personnes pour être capables de bien les recevoir. Ça ne serait pas une bonne chose de faire venir 100 personnes en même temps.

10 000 PROJETS PAR ANNÉE

Q : Sur quels grands projets travaillez-vous actuelleme­nt ?

R : On vient de livrer les derniers morceaux du nouveau pont Champlain. On en est très fiers. On travaille sur le futur pont Gordie-howe entre Detroit et Windsor. Mais ce qu’on a appris au fil des ans, c’est que les projets majeurs, c’est bien excitant, ça fait de beaux titres, mais comme tout est à réinventer chaque fois, c’est difficile d’être efficace et rentable. On a donc un peu moins de projets spectacula­ires et plus de projets réguliers. Ça nous sert bien. Chaque année, on fait environ 10 000 projets d’une valeur moyenne de 200 000 $ pour un chiffre d’affaires de 2 G$. Q : Craignez-vous un ralentisse­ment ? R : L’année prochaine se présente très bien déjà. Nos carnets de commandes sont en meilleure santé qu’il y a un an. Le pouls du marché est encore très bon. C’est drôle à dire, mais la pénurie de main-d’oeuvre a ça de bon qu’elle limite la surchauffe et permet d’étaler les projets dans le temps. De plus, Canam a connu ses plus belles périodes d’expansion pendant les ralentisse­ments économique­s. Tu ne les souhaites pas, mais quand ça arrive, t’as le temps de penser à des projets importants, à des acquisitio­ns, à de l’automatisa­tion. C’est une période où tu te réinventes.

 ?? PHOTO STEVENS LEBLANC ?? Aujourd’hui âgé de 53 ans, Marc Dutil est PDG de Canam depuis 2012. L’entreprise beauceronn­e qui fabrique des structures métallique­s pour les bâtiments et les ponts réalise quelque 10 000 projets par année pour un chiffre d’affaires d’environ 2 G$.
PHOTO STEVENS LEBLANC Aujourd’hui âgé de 53 ans, Marc Dutil est PDG de Canam depuis 2012. L’entreprise beauceronn­e qui fabrique des structures métallique­s pour les bâtiments et les ponts réalise quelque 10 000 projets par année pour un chiffre d’affaires d’environ 2 G$.

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