Mi-figue mi-raisin
Le MKC est le premier utilitaire de taille compacte de la marque Lincoln. Dans un créneau qui est largement dominé par les marques européennes et asiatiques, ce véhicule constituerait-il d’abord une alternative luxueuse au Ford Escape ?
Les Québécois sont friands d’utilitaires en tous genres, comme la majorité des automobilistes nord-américains d’ailleurs. Cependant, alors qu’aux États-unis et dans le reste du Canada, ce sont les modèles intermédiaires (or- dinaires et de luxe) qui ont la faveur des acheteurs, dans la Belle Province les modèles compacts sont les favoris.
La marque Lincoln illustre bien ce phénomène. Ses deux modèles les plus vendus au pays sont des utilitaires. Le MKX de taille intermédiaire occupe le premier rang du palmarès des ventes devant le MKC, plus petit. Mais au Québec, c’est le contraire. D’ailleurs, le quart des MKC vendus au Canada trouvent preneurs ici. C’est tout dire.
Au moment de son lancement, en mai 2014, le MKC devenait le premier VUS de taille compacte de Lincoln. MKC… C pour compact ? Ce serait logique, mais cette appellation pourrait aussi être liée au nom de sa plateforme : C1. En fait, Ford n’a jamais précisé le sens donné à ce nom peu inspirant.
En lançant ce modèle, le construc- teur de Dearborn souhaitait avant tout s’emparer d’une part du créneau grandissant des petits utilitaires de luxe. Ce créneau compte aujourd’hui une vingtaine de modèles rivaux et les trois marques allemandes, Audi, BMW et Mercedes-benz, l’alimentent généreusement avec les Q3 et Q5, les X1, X2 et X3, et les GLA et GLC respectivement. À cela s’ajoutent l’acura RDX et le Lexus NX, deux modèles nippons qui talonnent désormais les modèles allemands les plus populaires.
PROCHE PARENT DE L’ESCAPE
Et le petit Lincoln dans tout cela ? Il se retrouve en milieu de peloton, reflet de la popularité mitigée des produits de sa marque. Il faut admettre que le MKC ne bouscule aucune convention et ne révolutionne rien. Il ne profite pas non plus d’une aura aussi forte que celle que projettent l’écusson bleu et blanc de BMW ou les quatre anneaux entrelacés d’audi. C’est un produit Ford et sa filiation avec l’escape transparaît dans sa conception.
En effet, le MKC partage la plate- forme C1 du Ford Escape, un des trois VUS compacts de grande diffusion les plus vendus au pays, avec le Honda CR-V et le Toyota RAV4.
Il partage donc aussi un de ses moteurs. Ce 4-cylindres à turbocompresseur de 2,0 L, appelé Ecoboost pour l’escape, a les mêmes cotes, soit 245 ch et 275 lb-pi de couple livrées à un régime de 3000 tr/min. C’est le moteur de série des deux variantes de ce petit VUS de luxe : les MKC Select et Ultra.
Pour la version Ultra, la plus cossue, Lincoln offre cependant une alternative : un moteur de plus forte cylindrée et plus puissant. Ce 4-cylindres suralimenté de 2,3 L est un des deux moteurs Ecoboost proposés pour le Ford Explorer. Offert pour un supplément de 2150 $, il procure au MKC 285 ch et 305 lb-pi de couple à partir de 2750 tr/min. Ces cotes donnent une touche d’opulence au petit VUS de Lincoln. Elles distinguent aussi sa version Ultra de l’escape Titanium, un utilitaire plus abordable qui s’avère tout de même très étoffé.
Ces deux moteurs sont jumelés de série à une transmission intégrale et
à une boîte de vitesses automatique à six rapports. Cette dernière dispose d’un mode manuel commandé par des palettes fixées au volant, un bienfait puisqu’avec seulement six rapports, cette boîte automatique rend possible l’utilisation du frein-moteur pour ralentir le véhicule, lorsque cela convient. Il serait toutefois souhaitable que ce mode manuel soit assorti d’une programmation rendant la rétrogradation plus instantanée.
QUEL MOTEUR CHOISIR ?
Malgré les chevaux et le couple additionnels, la différence nous apparaît mince. Sur le plan de la performance, le moteur de 2,3 L ne retranche qu’une maigre seconde sur le temps d’accélération de 0 à 100 km/h, qui passe de huit à sept secondes. Personne ne s’en rendra compte. De plus, pour ce qui est de la consommation de carburant, ces deux moteurs sont aussi gourmands l’un que l’autre. Le Guide de consommation de Ressources naturelles Canada attribue une moyenne de 11,0 L/100 km au moteur de 2,0 L et de 11,5 L/100 km à celui de 2,3 L. Nous avons d’ailleurs validé la cote du moteur plus puissant lors d’un essai réalisé avec un MKC Ultra, qui nous a donné une moyenne de 10,6 L/100 km. L’ennui est que plusieurs modèles rivaux affichent désormais des cotes moyennes inférieures à 10 L/100 km.
En outre, les deux groupes motopro- pulseurs du MKC ont la même capacité de remorquage de 1 361 kg (3 000 lb). C’est 227 kg (500 lb) de moins que la capacité recommandée pour l’escape. Et pourtant, ces deux utilitaires partagent la même plateforme. En somme, à prix moindre, le moteur de 2,0 L du MKC nous apparaît plus désirable.
POUR LES FIDÈLES DE FORD
Faute de pouvoir se distinguer des modèles dominant son créneau, le MKC plaira aux fidèles de la marque – Lincoln ou Ford. Et puis, sa silhouette plaît visiblement, si l’on se fie aux nombreux signes d’approbation des badauds croisés durant notre essai. Le modèle 2019 a d’ailleurs subi quelques retouches esthétiques. Concentrées dans sa partie avant (pare-chocs et calandre redessinés, et nouveau capot), le MKC s’assi- mile désormais mieux à l’ensemble des modèles de la gamme Lincoln.
En prenant place à bord, l’habitué des produits Ford et Lincoln ne sera pas dépaysé. L’aménagement du tableau de bord rappelle l’escape, bien que le design, sobre et élégant, soit distinct. D’ailleurs, l’espace utile de l’habitacle dans ces deux VUS compacts de Ford est le même à quelques millimètres près. Curieusement, par contre, le coffre du MKC est environ 25 % moins volumineux. En revanche, la dotation est satisfaisante et permet à cet utilitaire d’être comparé favorablement à la concurrence.
Selon la version, cette dotation peut inclure des garnitures de bois, un toit en verre panoramique et des sièges avant chauffants et ventilés. De plus, la fonction d’accès Wi-fi et le système Sync 3 compatible avec Carplay d’apple et Android Auto sont de série.
Le constructeur propose également une variété de dispositifs d’aide à la conduite, dont une assistance précollision avec détection de piéton, un système d’aide au stationnement et un détecteur d’obstacle dans les angles morts.
On souhaiterait cependant que le constructeur atténue l’effet de couple intense ressenti lors d’une accélération soutenue. Ce désagrément contraste beaucoup avec la douceur de la suspension, qui masque efficacement les défauts du revêtement, comme il convient pour un produit Lincoln.