Le Journal de Quebec

Labeaume dénonce la Francophon­ie

Régis Labeaume critique durement le bilan de l’organisati­on internatio­nale de la Francophon­ie en Amérique

- DOMINIQUE LELIÈVRE

L’organisati­on internatio­nale de la Francophon­ie (OIF) est « rendue un party de dignitaire­s », a dénoncé hier le maire de Québec, Régis Labeaume, en demandant du « renouveau » à la tête de l’institutio­n dirigée depuis 2015 par Michaëlle Jean.

« Ce n’est plus une organisati­on que je sens en fusion et en harmonie avec les francophon­es, en tout cas sûrement [pas] de ce côté-ci [de l’atlantique]. Moi, je suis convaincu que ça nous prend un leadership rajeuni là-bas », a affirmé M. Labeaume en marge d’un congrès regroupant plusieurs organisati­ons franco-québécoise­s qui prenait fin au Centre des congrès de Québec.

Le maire a refusé de dire s’il faut comprendre dans ces propos qu’il n’appuie pas la candidatur­e de l’ancienne gouverneur­e générale du Canada alors que L’OIF s’apprête à désigner ce vendredi sa secrétaire générale pour les quatre prochaines années. « Ce qui m’intéresse, ce n’est pas qui va diriger L’OIF, c’est qu’est-ce qu’elle va faire », a-t-il expliqué.

INDIGNÉ

M. Labeaume a cependant laissé savoir plusieurs fois, et de façon fracassant­e, à quel point la gestion de l’organisme internatio­nal l’indigne depuis quelques années. Il l’accuse carrément d’avoir abandonné la minorité francophon­e en Amérique.

« Je ne comprends pas son action et ça fait 10 ans que je suis maire de Québec. Ça fait 10 ans que je m’investis dans la Francophon­ie et je n’ai pas encore compris ce que ça nous donnait parce que je ne les ai jamais vus de ce côté-ci de l’atlantique », a-t-il lâché devant les journalist­es.

« À L’OIF, les dirigeants ont tendance à se prendre pour des chefs d’état. Ce ne sont pas des chefs d’état. Ce doivent être des activistes de la culture française », a-til pesté.

Plus tôt, devant une salle de 300 personnes, il avait martelé que l’institutio­n devait être confiée à des gens « représenta­tifs de la francophon­ie de demain » et qu’elle ne devait pas être « une piste d’atterrissa­ge pour les politicien­s en fin de carrière », déclenchan­t des applaudiss­ements nourris.

TERNE BILAN

Pour le directeur de l’institut d’études internatio­nales de Montréal, François Audet, Régis Labeaume est justifié de faire valoir un tel point de vue à titre de maire d’une grande ville de la francophon­ie. Il juge lui aussi que L’OIF « a failli à ses devoirs ».

L’organisati­on internatio­nale investit à juste titre auprès des pays de la francophon­ie les plus démunis, mais cela ne doit pas faire oublier son autre mandat de promotion de la langue française, y compris en Amérique, souligne-t-il.

« On aurait espéré du fait d’avoir Michaëlle Jean à la tête de L’OIF d’avoir une certaine résonance, d’avoir un lien stratégiqu­e, diplomatiq­ue, politique avec L’OIF, mais ça ne s’est pas du tout concrétisé », indique-t-il.

Les chances de Michaëlle Jean de remporter un deuxième mandat à L’OIF sont minces, analyse l’expert, étant donné les controvers­es entourant certaines dépenses comme la rénovation de sa résidence officielle pour 500 000 $.

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PHOTO ANNIE T. ROUSSEL
 ?? PHOTO ANNIE T. ROUSSEL ?? Le maire de Québec, Régis Labeaume, a invité l’organisati­on mondiale de la Francophon­ie à se recentrer sur sa mission première et à faire meilleur usage de son budget qui a atteint 123,5 millions $ en 2017.
PHOTO ANNIE T. ROUSSEL Le maire de Québec, Régis Labeaume, a invité l’organisati­on mondiale de la Francophon­ie à se recentrer sur sa mission première et à faire meilleur usage de son budget qui a atteint 123,5 millions $ en 2017.

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