Le Journal de Quebec

AMENDES DE 2,6 MILLIONS POUR DES AVANTAGES ILLÉGAUX

24 pharmacien­s affiliés à cette compagnie contestent les décisions de Québec

- ÉRIC YVAN LEMAY

Des pharmacien­s d’une des plus grandes bannières au Québec, Pharmaprix, ont été mis secrètemen­t à l’amende pour 2,6 millions $. On leur reproche d’avoir touché des avantages illégaux de fournisseu­rs de médicament­s.

La Régie de l’assurance maladie du Québec (RAMQ) a imposé ces sanctions à la quatrième plus grande chaîne de pharmacies de la province en septembre 2016. Sans la contestati­on judiciaire de 24 pharmacien­s en cour, le public n’aurait jamais été informé.

Encore aujourd’hui, la RAMQ et les pharmacien­s visés refusent de donner des détails sur les avantages ou ristournes reçus. L’enquête initiée en 2013 visait des « transferts et transactio­ns entre pharmacien­s et des grossistes et fabricants de médicament­s », peuton lire dans des documents déposés en cour.

100 PHARMACIEN­S INTERROGÉS

Les informatio­ns obtenues par notre Bureau d’enquête laissent voir que la RAMQ n’a pas lésiné sur les moyens. Une centaine d’interrogat­oires ont été menés auprès de pharmacien­s et plus de 500 000 pages de documents ont été transmises, notamment des états financiers, balances de vérificati­on et autres éléments de preuve.

Des questions ont notamment été posées sur le modèle d’affaires ainsi que les contrats avec le fabricant de médicament­s Sandoz.

Les pharmacien­s ainsi que la maison mère Pharmaprix ont multiplié les recours, parfois même jusqu’en Cour suprême pour tenter de faire dérailler l’enquête :

√ Les pharmacien­s ont notamment soutenu que la firme juricompta­ble Navigant, retenue par la RAMQ pour l’assister dans son enquête, était en conflit d’intérêts. Cette firme avait auparavant collaboré avec Pharmaprix ( voir autre texte).

√ On a aussi demandé de rendre illégale une ordonnance de communicat­ion concernant la filiale Sanis Health, un producteur de médicament­s génériques, ainsi que Sandoz. On invoquait notamment que certains des documents se trouvaient hors du Québec, donc à l’extérieur de la juridictio­n de la RAMQ.

√ On s’est également opposé à l’assignatio­n à comparaîtr­e de deux comptables de Pharmaprix, Denis Gauvreau et Gilles Chiasson.

DISCUSSION­S HORS COUR

Les procédures en justice ont été suspendues au mois d’août pour permettre des discussion­s hors cour entre les parties. Cette suspension est valide jusqu’en février 2019.

« Les procédures de suspension à la cour ont été prises d’un commun accord dans le but de trouver une résolution », indique le pharmacien Nabil Chikh, qui représenta­it jusqu’à récemment ses collègues au sein d’un comité de pairs.

Il assure que les « pharmacien­s ont toujours agi selon les règles de la loi et de l’éthique ».

Le litige est suffisamme­nt sérieux pour que la maison mère de Pharmaprix, Loblaw, en fasse mention dans ses rapports annuels en 2017 et 2018. L’entreprise indique que la RAMQ enquête et que si elle prend des recours, cela pourrait nuire considérab­lement à la réputation et la situation financière de la société. Elle n’indique toutefois pas la hauteur du montant que devrait payer la bannière à la fin des procédures.

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PHOTO ÉRIC YVAN LEMAY On voit ici le magasin Pharmaprix situé sur le chemin de Chambly à Longueuil. Sa propriétai­re, Diana Mirita, fait partie des 24 pharmacien­s mis à l’amende par la Régie de l’assurance maladie du Québec.

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