Le Québec inc. perd du poids en bourse
Le nouveau gouvernement de François Legault a tout un défi économique sur les bras : requinquer le Québec inc.
Non seulement a-t-on perdu plusieurs sièges sociaux majeurs, mais en plus on a considérablement perdu du terrain dans la capitalisation boursière canadienne.
Selon une étude de l’autorité des marchés financiers (AMF), la capitalisation boursière des sociétés québécoises inscrites à la cote de la Bourse de Toronto et de la Bourse de croissance TSX représentait en 2017 seulement 16 % de la capitalisation canadienne.
C’est un important recul par rapport à l’année 2015 alors que le « poids boursier » des sociétés ayant leur siège social au Québec atteignait presque 20 % de la capitalisation boursière de la Bourse canadienne.
Pour vous montrer à quel point le Québec inc. a perdu des plumes au Canada, il faut savoir que notre part de 16 % de la capitalisation boursière canadienne est nettement inférieure au poids du PIB du Québec (19 %) dans le PIB canadien. L’écart est encore plus grand lorsqu’on compare le poids de notre représentation boursière (16 %) à celui de la population du Québec (22,8 %) dans le Canada.
POURTANT…
La sous-représentation du Québec inc. dans la capitalisation boursière canadienne serait-elle attribuable à une moins bonne performance boursière des entreprises québécoises ? Absolument pas !
Imaginez-vous que les titres québécois affichent une meilleure performance que l’ensemble de la Bourse canadienne.
À preuve, l’indice composite Morningstar Québec Banque Nationale (60 sociétés québécoises) a nettement surclassé le baromètre de la Bourse de Toronto, le S&P/TSX au cours des cinq dernières années.
Alors que le S&P/TSX rapportait un rendement annualisé total de 7,81 % sur 5 ans, l’indice Morningstar Québec affichait un rendement annuel composé de 12,05 %.
Parenthèse. Il est possible d’investir dans cet indice québécois par l’entremise du « First Asset Morningstar National Bank Index ETF ». C’est un fonds négocié en Bourse qui a été lancé en février 2012, sous le symbole boursier QXM. Depuis son lancement, QXM a rapporté un rendement annualisé de 13,08 % à comparer à 6,93 % pour le S&P/TSX canadien.
BOUDE-T-ON ?
La Bourse, comme source de financement, a par ailleurs perdu de l’attrait auprès du Québec Inc.
Au Canada en 2017, il y a eu 28 premiers appels publics à l’épargne (PAPE). Les sociétés impliquées ont ramassé une cagnotte de 6,1 milliards de dollars. Sur les 28 PAPE, combien de sociétés québécoises y retrouve-t-on ? Aucune.
Et selon L’AMF, c’est la deuxième année de suite qu’aucun premier appel public à l’épargne ne venait du Québec Inc.
Autre indicateur qui montre bien le désintérêt du Québec inc. pour la Bourse : en 2008 il y avait quelque 300 sociétés québécoises inscrites à la cote de la Bourse canadienne alors qu’aujourd’hui il n’en reste que 189 !
Et dire que plusieurs de nos fleurons québécois de la Bourse, faute de protection, risquent de passer un de ces jours entre les mains de sociétés étrangères. Je pense entre autres à Metro, SNC Lavalin, WSP Global, Dollarama, Uni-select, CAE, etc.