Le Journal de Quebec

Le Québec inc. perd du poids en bourse

- MICHEL GIRARD michel.girard@quebecorme­dia.com

Le nouveau gouverneme­nt de François Legault a tout un défi économique sur les bras : requinquer le Québec inc.

Non seulement a-t-on perdu plusieurs sièges sociaux majeurs, mais en plus on a considérab­lement perdu du terrain dans la capitalisa­tion boursière canadienne.

Selon une étude de l’autorité des marchés financiers (AMF), la capitalisa­tion boursière des sociétés québécoise­s inscrites à la cote de la Bourse de Toronto et de la Bourse de croissance TSX représenta­it en 2017 seulement 16 % de la capitalisa­tion canadienne.

C’est un important recul par rapport à l’année 2015 alors que le « poids boursier » des sociétés ayant leur siège social au Québec atteignait presque 20 % de la capitalisa­tion boursière de la Bourse canadienne.

Pour vous montrer à quel point le Québec inc. a perdu des plumes au Canada, il faut savoir que notre part de 16 % de la capitalisa­tion boursière canadienne est nettement inférieure au poids du PIB du Québec (19 %) dans le PIB canadien. L’écart est encore plus grand lorsqu’on compare le poids de notre représenta­tion boursière (16 %) à celui de la population du Québec (22,8 %) dans le Canada.

POURTANT…

La sous-représenta­tion du Québec inc. dans la capitalisa­tion boursière canadienne serait-elle attribuabl­e à une moins bonne performanc­e boursière des entreprise­s québécoise­s ? Absolument pas !

Imaginez-vous que les titres québécois affichent une meilleure performanc­e que l’ensemble de la Bourse canadienne.

À preuve, l’indice composite Morningsta­r Québec Banque Nationale (60 sociétés québécoise­s) a nettement surclassé le baromètre de la Bourse de Toronto, le S&P/TSX au cours des cinq dernières années.

Alors que le S&P/TSX rapportait un rendement annualisé total de 7,81 % sur 5 ans, l’indice Morningsta­r Québec affichait un rendement annuel composé de 12,05 %.

Parenthèse. Il est possible d’investir dans cet indice québécois par l’entremise du « First Asset Morningsta­r National Bank Index ETF ». C’est un fonds négocié en Bourse qui a été lancé en février 2012, sous le symbole boursier QXM. Depuis son lancement, QXM a rapporté un rendement annualisé de 13,08 % à comparer à 6,93 % pour le S&P/TSX canadien.

BOUDE-T-ON ?

La Bourse, comme source de financemen­t, a par ailleurs perdu de l’attrait auprès du Québec Inc.

Au Canada en 2017, il y a eu 28 premiers appels publics à l’épargne (PAPE). Les sociétés impliquées ont ramassé une cagnotte de 6,1 milliards de dollars. Sur les 28 PAPE, combien de sociétés québécoise­s y retrouve-t-on ? Aucune.

Et selon L’AMF, c’est la deuxième année de suite qu’aucun premier appel public à l’épargne ne venait du Québec Inc.

Autre indicateur qui montre bien le désintérêt du Québec inc. pour la Bourse : en 2008 il y avait quelque 300 sociétés québécoise­s inscrites à la cote de la Bourse canadienne alors qu’aujourd’hui il n’en reste que 189 !

Et dire que plusieurs de nos fleurons québécois de la Bourse, faute de protection, risquent de passer un de ces jours entre les mains de sociétés étrangères. Je pense entre autres à Metro, SNC Lavalin, WSP Global, Dollarama, Uni-select, CAE, etc.

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