77 mineures piégées sur le web
Un suspect qui a été arrêté en France est soupçonné d’exploitation sexuelle sur les réseaux sociaux au Québec
Un prédateur sexuel allégué que l’on soupçonne d’avoir obtenu et diffusé des images pornographiques de 77 mineures du Québec en les piégeant sur des réseaux sociaux vient d’être épinglé en France.
Le Journal a appris qu’antonio Bockell, un étudiant français de 27 ans, a été appréhendé le 27 septembre au terme d’une longue enquête menée par la Sûreté du Québec (SQ) en collaboration avec la police parisienne.
Le suspect, dont l’identité n’a pas été confirmée par la SQ, a vu les policiers français saisir son matériel informatique dans son petit logis situé sur un campus universitaire à Bobigny, en banlieue de Paris.
IL SE CROYAIT À L’ABRI
« Il a choisi ses victimes au Québec en se croyant protégé. Il ne pensait pas qu’on remonterait jusqu’à lui », a dit le lieutenant Daniel Bérard, responsable du module d’enquête de la SQ contre l’exploitation sexuelle des enfants sur internet.
Une seule Française compterait parmi les 78 jeunes plaignantes de ces crimes communément qualifiés de « sextorsion ». La cadette n’a que huit ans et la plupart sont âgées de 11 à 17 ans.
L’enquête a débuté en avril 2017 dans la région du Centre-du-québec où la SQ a reçu ses premières plaintes.
« Les mineures étaient approchées sur Facebook et Instagram par le suspect qui utilisait de faux comptes féminins », a relaté le lieutenant, en ajoutant que l’internaute disait fréquenter une école de mannequin à Montréal.
Les victimes devaient d’abord se photographier dans des poses sexy, ce qui leur valait des compliments et de fausses promesses du suspect.
« Puis c’était l’escalade, a dit M. Bérard. Photos en sous-vêtements, vidéos sexuellement explicites... Si elles refusaient, il menaçait de diffuser les photos qu’il avait déjà d’elles. »
LE « PLAISIR » D’HUMILIER
Lors de communications verbales sur Messenger, plusieurs victimes ont réalisé avec effroi que c’est un homme qui les arnaquait. Elles ont entendu sa voix « à l’accent français », mais son visage était toujours hors champ de sa webcam. Certaines l’ont supplié de les laisser tranquilles.
« Il prenait plaisir à les voir pleurer, à les humilier, à leur enlever leur innocence », a fait remarquer le policier Bérard.
Le prédateur allégué aurait même forcé quelques victimes à simuler des rapports sexuels avec une amie ou leur petite soeur.
Il aurait aussi diffusé des images de ces jeunes sur des sites de pornographie juvénile et sur les réseaux sociaux en se cachant derrière des pseudonymes. « Des familles de victimes ont déménagé pour se faire oublier », d’après le lieutenant.
Mais la cybercriminalité laisse des traces. Les policiers ont fini par localiser l’ordinateur qu’utilisait le suspect sur la Toile et saisir dans sa chambre des objets que des victimes avaient remarqués en clavardant avec lui, dont une « doudou » qu’il gardait à proximité.