Le Journal de Quebec

Un sommet intéressan­t

- CLAUDE VILLENEUVE claude.villeneuve @quebecorme­dia.com @vclaude

Il y a longtemps qu’un sommet de l’organisati­on internatio­nale de la Francophon­ie n’aura pas retenu autant d’attention chez nous que celui qui se tiendra à Erevan, en Arménie, cette semaine.

Du point de vue québécois, ce sera d’abord l’occasion d’observer les premiers pas de François Legault sur la scène internatio­nale. Évidemment, pour un premier ministre du Québec, la diplomatie ne constitue pas un élément aussi important dans sa définition de tâches que pour le chef du gouverneme­nt d’un État pleinement souverain.

On aurait toutefois tort de négliger son importance. Pour preuve, la transition en apparence savamment orchestrée de la Coalition avenir Québec semble avoir comporté un oubli de taille, soit de faire atterrir l’avènement d’un nouveau parti au gouverneme­nt dans les médias étrangers.

Les presses françaises et américaine­s collent sur nos récentes élections la même grille d’analyse qu’elles auraient utilisée pour la victoire d’un parti populiste dans un pays de l’est. Ce n’est bon ni pour le Québec ni pour le nouveau gouverneme­nt. C’est la conséquenc­e du peu d’intérêt que François Legault a eu jusqu’ici pour les relations internatio­nales et de l’ignorance grandissan­te dont souffre le Québec à l’étranger.

François Legault devra donc multiplier les rencontres informelle­s au cours des prochains jours pour se rappeler au bon souvenir de nos partenaire­s.

« PARTY DE DIGNITAIRE­S »

Autre élément qui attire l’attention sur le sommet, la sortie aussi critique qu’inattendue du maire de Québec Régis Labeaume à propos de L’OIF, organisati­on qu’il accuse d’être devenue « un party de dignitaire­s ». Il en appelle à un retour à sa mission d’origine qui était la promotion de la culture d’expression française.

Il exprime ainsi le sentiment de beaucoup de Québécois qui peinent à voir ce à quoi sert encore la Francophon­ie, si ce n’est à offrir un peu de confort à des personnali­tés politiques déchues.

Or, c’est tragique qu’il en soit ainsi, car L’OIF est la seule instance internatio­nale où le Québec peut parler de plein droit. Il est d’autant plus décevant que cette image déconnecté­e ait été plus que jamais illustrée par l’une des nôtres. Il s’agit de Michaëlle Jean, exvice-monarque sur le déclin.

Les alliés de Madame Jean aiment rappeler qu’elle a lancé de multiples initiative­s pour favoriser la démocratie, le développem­ent et la coopératio­n entre les pays francophon­es. C’est bien, mais ce qui aurait été mieux, c’est qu’elle le fasse sans verser dans le luxe ostentatoi­re et la dépense inconsidér­ée, comme elle l’avait fait comme gouverneur­e générale.

REDORER SON BLASON

C’est la principale raison qui rend ce sommet intéressan­t. Le retrait, aussi humiliant que spectacula­ire, de l’appui du Canada et du Québec au renouvel- lement du mandat de Michaëlle Jean. Il est toutefois dommage que ce soit au profit d’une candidate issue du Rwanda, un pays où la démocratie est chancelant­e et où l’intérêt subit pour le français semble, justement, plutôt « intéressé »…

N’empêche, ce sommet doit être l’occasion pour le Québec de reprendre sa place dans le monde, notamment par la nomination d’un administra­teur qui saura nous faire honneur, comme Clément Duhaime jadis, qui avait justement été écarté au profit de Michaëlle Jean.

Le Québec a besoin de la Francophon­ie et la Francophon­ie a besoin de redorer son blason et de se recentrer sur sa mission.

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Ce sera d’abord l’occasion d’observer les premiers pas de François Legault sur la scène internatio­nale.

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