Le Journal de Quebec

Un bon samaritain paie cher sa grande générosité

La connaissan­ce qu’il a hébergée a transformé sa maison en véritable dépotoir

- MICHAËL NGUYEN

Un professeur d’université qui a eu la bonté d’héberger une connaissan­ce pour la dépanner a dû se résoudre à aller en cour pour faire expulser la dame qui s’incrustait chez lui depuis des mois et avait transformé sa maison en dépotoir.

« Jamais je n’aurais pensé que ça se finirait ainsi, même dans mes rêves les plus fous… C’est l’enfer, je me suis fait enfirouape­r ! » peste Robert Campbell en entrevue au Journal.

M. Campbell, qui enseigne la comptabili­té au Collège Dawson et à l’université Concordia, regrette amèrement sa bonne action de janvier dernier. À l’époque, il avait croisé par hasard dans un restaurant une vieille connaissan­ce, Annie Finkelstei­n. La femme était en détresse puisqu’elle avait perdu son logement et n’avait nulle part où dormir.

« Je me suis senti mal, alors je lui ai proposé de l’héberger temporaire­ment, le temps qu’elle se trouve un logis », explique M. Campbell.

Mme Finkelstei­n a sauté sur l’occasion. Dès le mois de février, elle a donc emménagé chez M. Campbell tout en invitant son petit ami de l’époque à s’installer lui aussi dans la maison, sans rien payer.

RAMASSEUSE COMPULSIVE

Et pis encore, M. Campbell a réalisé que la femme faisait du ramassage compulsif. En quelques semaines, son jardin s’est rempli de choses de toutes sortes et les montagnes d’objets se sont accumulées dans la résidence, tout comme la vaisselle et les vêtements sales.

M. Campbell a bien tenté d’embaucher une femme de ménage, mais celle qu’il a trouvée s’est enfuie en courant quand elle a constaté l’état des lieux, a-t-il expliqué, découragé.

« Robert a perdu le contrôle de sa maison, a expliqué une voisine. Un moment, elle a même creusé un trou pour installer une petite piscine pour boire sa bière. Elle interpelle tout le monde qui marche dans la rue, elle se chicane avec les voisins. »

Pendant des semaines, M. Campbell a tenté d’évincer sa « locataire » indésirabl­e. Le hic, c’est que la femme a toujours refusé de partir. En fait, elle ne comprend même pas pourquoi son « ami » veut l’évincer.

À défaut de s’entendre à l’amiable, M. Campbell a fait appel à la police, mais sans succès puisque la femme était domiciliée là. Il a tenté d’aller à la Régie du logement, mais en l’absence de bail, sa démarche n’a rien donné.

Il a même proposé à la femme de lui payer deux mois de loyer si elle trouvait un autre logement, mais la femme n’a rien voulu entendre.

JUSQU’EN COUR

C’est donc en désespoir de cause qu’il a saisi la Cour supérieure du Québec.

« En préparant le dossier, j’ai contacté plusieurs collègues et personne n’avait vu une situation pareille », a expliqué l’avocate Pamela O’reilly, qui a gagné sa cause la semaine passée.

Normalemen­t, Mme Finkelstei­n devrait quitter le logement dès ce matin, au grand soulagemen­t de M. Campbell, qui dit avoir dépensé plus de 10 000 $ dans sa mésaventur­e qu’il n’est pas prêt d’oublier.

« Si vous voulez être gentils et faire comme moi, voici mon conseil : ne laissez jamais quelqu’un s’installer chez vous sans faire de vérificati­ons. Et faites lui signer un papier ! » conclut-il.

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PHOTOS MICHAËL NGUYEN 11. L’intérieur du logement de Dollard-des-ormeaux est un vrai dépotoir. 2. La cour arrière déborde d’objets d’annie Finkelstei­n. 3. Robert Campbell, le propriétai­re, regrette cette bonne action qui s’est retournée contre lui.
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