Le Journal de Quebec

Une présumée victime de viol insultée et menacée

Une Marocaine appelle les filles à être « courageuse­s »

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BÉNI MELLAL | (AFP) Malgré les insultes, Khadija, jeune Marocaine de 17 ans victime présumée de viols collectifs, a réitéré ses accusation­s hier, devant un juge de Beni Mellal, en appelant à sa sortie « toutes les filles à se montrer courageuse­s ».

« Nous, les filles, nous sommes fortes et nous devons rester fortes », a déclaré Khadija dans un bref entretien après son audition, dans cette ville située à quelque 300 km de la capitale Rabat.

C’est dans une vidéo diffusée en août et devenue virale sur internet que cette adolescent­e issue d’une famille défavorisé­e avait raconté avoir été kidnappée, séquestrée, violée et martyrisée pendant deux mois par de jeunes hommes de son village.

TORTURÉE

Ce témoignage filmé où elle montre des tatouages obscènes et des traces de brûlures de cigarettes sur son corps avait suscité autant de compassion que de dénigremen­t sur les réseaux sociaux marocains. La virulence des critiques a poussé un groupe citoyen à mener campagne contre « la culture du viol et de l’impunité ».

« Je suis encore traumatisé­e, ce qui m’est arrivé n’est pas facile à supporter », confie la jeune fille, regard direct, voix douce, mais assurée.

Devant le juge, Khadija « a confirmé toutes les accusation­s, entièremen­t et en détail, elle est courageuse malgré sa fragilité psychologi­que », a confirmé Mohamed, son père, après l’audition organisée dans un bureau de la chambre criminelle de la cour d’appel de Béni Mellal.

12 SUSPECTS

Douze suspects, âgés de 17 à 28 ans, ont été placés en détention préventive fin août sous différents chefs de poursuite, selon une source judiciaire. Plusieurs des prévenus ont reconnu les faits dans leurs déposition­s – les viols collectifs, les tatouages forcés, les menaces de mort pour la dissuader de fuir –, selon des sources proches du dossier, mais cela n’a pas suffi à calmer les détracteur­s de l’adolescent­e.

Mi-septembre, la première audition avait été émaillée d’insultes des familles des suspects, venues manifester leur colère et leur incompréhe­nsion.

Selon le père de Khadija, vivre chez eux, dans leur maison d’oulad Ayad, est devenu « difficile » et la famille « ne sort quasiment plus » : « nous recevons des menaces et des insultes par téléphone. Je lui ai retiré son téléphone pour la tenir éloignée de tout ce qui peut lui rappeler ce qu’elle a subi », a-t-il expliqué.

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