Snc-lavalin chute en Bourse après une mauvaise surprise d’ottawa
Le gouvernement refuse de négocier la suspension des accusations criminelles
Contre toute attente, Ottawa maintient les accusations de fraude et de corruption contre Snc-lavalin, ce qui rend l’entreprise plus vulnérable à une prise de contrôle externe, estiment des analystes.
La nouvelle a fait plonger de 13,5 % l’action de SNC, hier à la Bourse de Toronto.
La firme d’ingénierie a révélé que le Service des poursuites pénales du Canada (SPPC) n’allait pas l’inviter, « pour le moment », à négocier un « accord de réparation ». Ottawa aurait alors accepté de mettre de côté les accusations en échange du paiement d’une amende.
CRITÈRES NON RESPECTÉS
« Le Code criminel définit les critères pour les accords de réparation. La direc- trice des poursuites pénales a déterminé que ces critères n’étaient pas respectés », a précisé une porte-parole du SPPC, Nathalie Houle.
Ironiquement, c’est notamment en raison du lobbying de Snc-lavalin qu’ottawa vient de permettre la conclusion d’accords de réparation avec des entreprises fautives, s’inspirant de pays comme les États-unis, le Royaume-uni et la France.
L’entreprise s’est lamentée hier que le refus du gouvernement de suspendre les accusations la plonge dans une « période inutilement prolongée d’incertitude ». Se disant « fortement en désaccord » avec la décision d’ottawa, SNC envisage de la contester devant un tribunal.
Or, les faits reprochés à Snc-lavalin sont graves. Selon la Gendarmerie royale du Canada (GRC), la firme aurait versé 48 millions $ à une entreprise libyenne afin que celle-ci intervienne en sa faveur alors que le pays d’afrique du Nord était dirigé par le dictateur Mouammar Kadhafi.
D’AUTRES ACCUSATIONS POSSIBLES
D’autres accusations pourraient être déposées. En mars, la GRC a saisi de nombreux documents au siège social de SNC. Selon La Presse, la police fédérale cherche à prouver que l’entreprise a versé 2,4 millions $ en pots-de-vin à l’ancien PDG de la Société des ponts fédéraux pour obtenir un contrat de 127 millions $, en 2000.
Rappelons qu’en 2013, la Banque mondiale a radié la firme pour 10 ans en raison d’affaires au Bangladesh et au Cambodge.
Malgré tout, l’autorité des marchés financiers vient de renouveler l’autorisation qui permet à SNC d’obtenir des contrats publics au Québec. Les portes lui sont aussi ouvertes à Ottawa. À preuve, l’entreprise dirige le consortium chargé de construire le nouveau pont Champlain.