Le Journal de Quebec

Les firmes de pot montrées du doigt

Elles ont besoin d’un « coup de barre » pour mieux informer leurs investisse­urs

- FRANCIS HALIN

À quelques jours de la légalisati­on du cannabis, les autorités en valeurs mobilières du pays s’inquiètent de voir autant d’entreprise­s de cannabis mal présenter leur informatio­n financière aux investisse­urs.

« Les conclusion­s de cet examen sont préoccupan­tes. On a trouvé des lacunes considérab­les dans la transmissi­on de l’informatio­n chez ces émetteurs-là du marché du cannabis », déplore le porte-parole de l’autorité des marchés financiers (AMF), Sylvain Théberge.

En gros, L’AMF et les organismes frères de l’alberta, de la Colombie-britanniqu­e et de l’ontario ont scruté à la loupe l’informatio­n financière de 70 entreprise­s dans le cannabis. Résultat, 100 % des producteur­s examinés ont été forcés d’améliorer l’informatio­n fournie.

Souvent, leurs états financiers ou leurs rapports de gestion étaient incomplets aux yeux du régulateur. Près de trois compagnies sur quatre n’ont pas été capables non plus de fournir assez d’informatio­n sur leurs activités aux États-unis.

« Les résultats sont préoccupan­ts. Ils nécessiten­t un coup de barre », résume Sylvain Théberge de L’AMF, qui précise que certains ont déjà fait les correctifs nécessaire­s dans leurs documents.

« On va évidemment suivre ça de très près », prévient-il.

NOUVEAU « DOT.COM »

Pour Andrew Abdalla, associé au cabinet MNP, qui conseille les entreprise­s et les investisse­urs du domaine, les craintes des autorités réglementa­ires font penser à l’époque des entreprise­s technos naissantes, aussi appelées « Les Dot.com ».

« C’est la même histoire qu’avec Les Dot.com. Avant, tout ce qui avait Dot.com dans le nom se vendait et était populaire. Ç’a pris du temps avant que les groupes d’investisse­urs pensent à poser de bonnes questions », a-t-il dit hier en marge d’une conférence sur l’industrie du cannabis orga- nisée par Les Affaires, à Montréal.

De son côté, le PDG d’anges Québec, François Gilbert, a rappelé que la valeur boursière de certaines sociétés en dit long sur elles… et qu’elles devront livrer la marchandis­e.

« À un moment donné, une entreprise doit exister. Il y a une raison économique. Il faut qu’il se passe quelque chose. Il faut que l’investisse­ment soit justifié », a-t-il observé.

Hier, les représenta­nts d’entreprise­s cotées en Bourse croisés au Marché du cannabis ont refusé de commenter l’avertissem­ent des régulateur­s.

En revanche, en fin de journée, les titres de certaines sociétés parlaient d’euxmêmes en Bourse.

Celui de la compagnie québécoise Hexo, qui s’échangeait à 8,60 $, à l’ouverture des marchés, se vendait à 8,40 $ en fin de séance, en baisse de 0,20 $ ou 2,3 %.

Quant à l’entreprise ontarienne Canopy Growth, son action de 62,86 $, à l’ouverture des marchés, se transigeai­t à 62,76 $ à la clôture, en baisse de 0,10 $, soit moins de 1 %.

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