Les firmes de pot montrées du doigt
Elles ont besoin d’un « coup de barre » pour mieux informer leurs investisseurs
À quelques jours de la légalisation du cannabis, les autorités en valeurs mobilières du pays s’inquiètent de voir autant d’entreprises de cannabis mal présenter leur information financière aux investisseurs.
« Les conclusions de cet examen sont préoccupantes. On a trouvé des lacunes considérables dans la transmission de l’information chez ces émetteurs-là du marché du cannabis », déplore le porte-parole de l’autorité des marchés financiers (AMF), Sylvain Théberge.
En gros, L’AMF et les organismes frères de l’alberta, de la Colombie-britannique et de l’ontario ont scruté à la loupe l’information financière de 70 entreprises dans le cannabis. Résultat, 100 % des producteurs examinés ont été forcés d’améliorer l’information fournie.
Souvent, leurs états financiers ou leurs rapports de gestion étaient incomplets aux yeux du régulateur. Près de trois compagnies sur quatre n’ont pas été capables non plus de fournir assez d’information sur leurs activités aux États-unis.
« Les résultats sont préoccupants. Ils nécessitent un coup de barre », résume Sylvain Théberge de L’AMF, qui précise que certains ont déjà fait les correctifs nécessaires dans leurs documents.
« On va évidemment suivre ça de très près », prévient-il.
NOUVEAU « DOT.COM »
Pour Andrew Abdalla, associé au cabinet MNP, qui conseille les entreprises et les investisseurs du domaine, les craintes des autorités réglementaires font penser à l’époque des entreprises technos naissantes, aussi appelées « Les Dot.com ».
« C’est la même histoire qu’avec Les Dot.com. Avant, tout ce qui avait Dot.com dans le nom se vendait et était populaire. Ç’a pris du temps avant que les groupes d’investisseurs pensent à poser de bonnes questions », a-t-il dit hier en marge d’une conférence sur l’industrie du cannabis orga- nisée par Les Affaires, à Montréal.
De son côté, le PDG d’anges Québec, François Gilbert, a rappelé que la valeur boursière de certaines sociétés en dit long sur elles… et qu’elles devront livrer la marchandise.
« À un moment donné, une entreprise doit exister. Il y a une raison économique. Il faut qu’il se passe quelque chose. Il faut que l’investissement soit justifié », a-t-il observé.
Hier, les représentants d’entreprises cotées en Bourse croisés au Marché du cannabis ont refusé de commenter l’avertissement des régulateurs.
En revanche, en fin de journée, les titres de certaines sociétés parlaient d’euxmêmes en Bourse.
Celui de la compagnie québécoise Hexo, qui s’échangeait à 8,60 $, à l’ouverture des marchés, se vendait à 8,40 $ en fin de séance, en baisse de 0,20 $ ou 2,3 %.
Quant à l’entreprise ontarienne Canopy Growth, son action de 62,86 $, à l’ouverture des marchés, se transigeait à 62,76 $ à la clôture, en baisse de 0,10 $, soit moins de 1 %.