Le Journal de Quebec

HANDICAPÉ POUR OTTAWA, MAIS PAS POUR QUÉBEC

Le fisc ne reconnaît pas sa déficience physique et refuse de lui verser le crédit d’impôt

- NICOLAS LACHANCE

PAGE 3

Revenu Québec a refusé à un résident de Québec, né sans sa main gauche, une attestatio­n de déficience physique, alors qu’il a obtenu facilement son certificat d’impôt pour personne handicapée de l’agence du Revenu du Canada.

Pascal Hardy est venu au monde avec une malformati­on majeure au membre supérieur gauche en raison d’une maladie des lames amniotique­s.

« Dans le ventre de la mère, le placenta a recouvert mon membre », relate le père de deux enfants. « Il n’y a pas eu de développem­ent. »

L’an dernier à 40 ans, il a décidé d’effectuer un retour aux études à temps complet en service social. Une décision réfléchie qui a eu un impact financier sur sa famille.

Son conseiller pédagogiqu­e lui a indiqué qu’il avait droit à des bourses et des crédits d’impôt en raison de son handicap.

LE CANADA DIT OUI

Le médecin de M. Hardy a signé les documents dans lesquels il explique la nature de son handicap. Rapidement, les prêts et bourses lui ont accordé son statut de handicapé.

Au moment des impôts, le père de famille a rempli la demande de certificat pour personne handicapée de l’agence du revenu du Canada (ARC) ainsi que l’attestatio­n de déficience de Revenu Québec. Le gouverneme­nt du Canada a déterminé que Pascal Hardy répondait « aux critères d’admissibil­ité pour le CIPH », remboursan­t même rétroactiv­ement 7000 $ pour les 10 dernières années.

De son côté, Revenu Québec a refusé sa demande. Sa contestati­on a aussi été rejetée. Pourtant, le formulaire du Québec et celui du Canada sont pratiqueme­nt identiques, souligne M. Hardy. « Comment je peux être reconnu au pays, mais pas dans la province », peste-t-il.

Dans la lettre de refus, Revenu Québec soutient que sa « situation » ne répond pas aux critères donnant droit à un crédit d’impôt.

CAPABLE DE MANGER

En signant le document, le médecin de M. Hardy a « coché » les cases indiquant qu’il pouvait voir, parler, entendre, marcher, utiliser ses fonctions intestinal­es, s’alimenter et s’habiller. Revenu Québec justifie le refus par ces raisons.

« C’est un peu bizarre le document. Je suis capable de faire des affaires. Mais je suis tout le temps en mode adaptation. Mon médecin n’avait pas de cases pour marquer que je devais toujours m’adapter, a expliqué le père de famille. Je suis handicapé depuis 40 ans et on ne m’avait jamais spécifié que j’avais droit à ça. Là, j’ai un crédit d’impôt que j’ai le droit d’avoir. »

Toutefois, même s’il a soutenu dans sa demande de révision que son handicap est « flagrant », « permanent », et qu’il s’agit « d’un défi quotidien », Revenu Québec a maintenu sa décision.

« Il y a différents types de handicap. Vous essayerez d’attacher vos souliers avec juste une main », dénonce M. Hardy.

Par ailleurs, il est reconnu comme handicapé par la Société de l’assurance automobile du Québec (SAAQ) qui oblige M. Hardy à respecter des conditions particuliè­res pour conduire son véhicule.

À la suite de l’appel du Journal, Revenu Québec a souligné être prêt à réviser à nouveau le dossier avec M. Hardy. « Il semble y avoir peut-être une erreur dans la façon dont on [le médecin du demandeur] a rempli le formulaire […] Nous, on est en mode solution », a déclaré le porte-parole Stéphane Dion.

 ??  ??
 ?? PHOTO JEAN-FRANÇOIS DESGAGNÉS ?? Pascal Hardy se bat avec Revenu Québec pour faire reconnaîtr­e son handicap et recevoir un crédit d’impôt.
PHOTO JEAN-FRANÇOIS DESGAGNÉS Pascal Hardy se bat avec Revenu Québec pour faire reconnaîtr­e son handicap et recevoir un crédit d’impôt.

Newspapers in French

Newspapers from Canada