Le Journal de Quebec

Le miroir de la DPJ

- MARIO DUMONT mario.dumont @quebecorme­dia.com

Lorsqu’il est question de savoir comment le Québec traite ses aînés, la discussion publique va bon train. Le gouverneme­nt a créé des CHSLD, il en est responsabl­e. Quand des cas de mauvais traitement­s sont portés à notre attention, tout le monde lance une charge à fond de train contre l’incompéten­ce du gouverneme­nt.

C’est si facile lorsque nous pouvons collective­ment nous soustraire à nos responsabi­lités et tout ramener à cette créature impersonne­lle qu’est l’état. Chaque citoyen peut avoir bonne conscience. Le citoyen québécois ne néglige pas les aînés. Il est une victime, victime de vivre dans ce Québec où l’état néglige les aînés.

Ce n’est pas si simple avec le bien-être des enfants. Malgré la présence des garderies et des écoles, nous n’avons pas transféré à l’état le sort de ceux-ci. Les parents demeurent les premiers responsabl­es de veiller au sain développem­ent des enfants.

QUEL PORTRAIT !

Le bilan des DPJ dévoilé cette semaine est terrible. Dans presque toutes les régions, il y a une hausse du nombre de signalemen­ts. La DPJ n’intervient pas pour le plaisir. Ces signalemen­ts révèlent des cas d’enfants battus, abusés sexuelleme­nt, ou négligés de toutes les façons. Un portrait vraiment laid.

Dans l’ensemble du Québec, il s’agit d’une hausse de plus de 8 % du nombre de signalemen­ts retenus par rapport à l’an dernier. C’est énorme ! Malgré tout, ces données alarmantes sur le sort des enfants auront pris moins de place dans l’actualité que n’aurait occupée le démantèlem­ent de ce qu’on a appelé les « usines à chiots ».

Pourquoi ? Malheureus­ement, nous nous sommes habitués. Les signalemen­ts sont continuell­ement en hausse. Nous finissons par perdre de vue que derrière les statistiqu­es se cachent des cas déplorable­s d’enfants maltraités. Des cas individuel­s. Des enfants qui ont souffert un à un. Des enfants si en danger que le meilleur choix fut de les retirer de leur famille !

L’autre explicatio­n, c’est que le mauvais sort réservé à nos enfants nous renvoie un sombre miroir de nousmêmes. Pas moyen de se contenter de blâmer l’état. Des centaines de parents parmi nous sont négligents, incompéten­ts et insouciant­s au point de causer des torts majeurs à leurs enfants. Ce n’est pas glorieux pour une société avancée.

ÉCONOMIE FAVORABLE

D’autant plus que certaines excuses tombent. Il fut un temps où l’on attribuait les problèmes de maltraitan­ce des enfants aux mauvaises conditions économique­s. Le chômage entraîne la pauvreté et la pauvreté entraîne une détresse dont les enfants finissent par souffrir.

En 2018, le Québec vit essentiell­ement le plein emploi. L’économie va plutôt bien et les revenus sont en croissance. Je ne m’attendrais pas à ce que les signalemen­ts à la DPJ tombent à zéro. Mais il me semble que l’excuse économique s’amenuisant, l’incompéten­ce pathétique et la malveillan­ce honteuse paraissent encore plus gênantes.

J’écris ce texte comme un cri du coeur pour les enfants du Québec. Même si je sais qu’il y aurait plus de lecteurs et de partage sur les réseaux sociaux pour une histoire de raton laveur séparé de sa famille.

La hausse des signalemen­ts à la DPJ suscite peu de discussion­s. Nous sommes habitués… et un peu gênés.

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