Des millions en fonds publics pour la ferme du cerf fou ?
Le gouvernement fédéral prévoit une indemnisation pour l’éleveur des Laurentides
Ottawa pourrait verser plusieurs millions de dollars à la ferme des Laurentides sur laquelle un premier cas de maladie du cerf fou a été détecté au Québec, le mois dernier.
L’agence canadienne d’inspection des aliments (ACIA) verse une indemnisation lorsqu’elle ordonne l’abattage d’un élevage parce qu’une maladie y a été détectée.
Pour un cerf rouge, ce chèque peut aller jusqu’à 8000 $ par bête, d’après le Règlement sur l’indemnisation en cas de destruction d’animaux.
« Dès qu’on ordonne la destruction, on paie la valeur marchande de l’animal. Si la carcasse vaut 1000 $ et que l’éleveur l’a vendue 500 $, le gouvernement fédéral va payer 500 $, la différence », explique le vétérinaire de L’ACIA qui gère l’éclosion de la maladie débilitante chronique (MDC) à Grenville-sur-la-rouge, El Mehdi Haddou.
Autrement dit, toutes les bêtes saines éliminées pourront être vendues, mais si l’éleveur doit vendre sa viande au rabais pour la liquider ou s’il ne parvient pas à la vendre, Ottawa le dédommagera.
« C’est sûr que l’éleveur ne sortira pas gagnant de ça », souffle une autre éleveuse de cerfs qui a requis l’anonymat et qui s’affaire à rassurer ses clients afin que le marché ne s’effondre pas.
Elle indique qu’une carcasse de cerf vaut actuellement entre 1200 $ et 1500 $, selon le poids de la bête. Les 3000 cerfs de Harpur Farmss à Grenville-sur-la-rouge vaudraient donc, réunis, entre 3,8 et 4,5 M$.
PAS D’AMENDE
Or, c’est plutôt Harpur Farms qui devrait payer pour cette crise et non les contribuables, estime le biologiste Darrel Rowledge, d’alliance for Public Wildlife, à Calgary.
« L’industrie doit payer selon le principe du pollueur payeur. Ils ne paient pour rien de tout ça en ce moment, au contraire, on les subventionne », dénonce-t-il.
M. Rowledge tient l’industrie de l’élevage responsable de l’épidémie qui s’étend maintenant à 23 États américains et à trois provinces canadiennes : l’alberta, la Saskatchewan et le Québec. Il souligne que la MDC est née dans les fermes, et non pas dans la nature.
Mais le Dr Haddou indique que les règlements de L’ACIA ne prévoient pas de sanction. Le fédéral n’est pas seul à dédommager les fermiers touchés par une maladie à prions : la France, par exemple, offre de l’aide similaire en cas de maladie de la vache folle.
PROPRIÉTAIRES FUYANTS
Les représentants de Harpur Farms ont refusé de répondre au Journal, malgré de nombreux messages et plusieurs visites à leur bureau dans le Vieux-montréal.
Le trésorier de l’abattoir Les viandes de la petite-nation, qui appartient aussi à la famille Harpur, Douglas Harpur, a laissé sa conjointe nous éconduire pendant qu’il se réfugiait dans une autre pièce lors de notre visite à son domicile.
Chez la présidente de l’entreprise, Sara Lydia Mautt, les occupants de la maison ont refusé de recevoir Le Journal et ont tiré leurs rideaux après que nous ayons mentionné l’objet de notre visite. – Avec Stéphane Sinclair, collabora
tion spéciale, et Camille Garnier