Le Journal de Quebec

Risible

- PAR JACQUES LAFONTAINE

« J’entends régulièrem­ent des animateurs de télévision utiliser le verbe prioriser (telle ou telle chose). N’est-ce pas là un anglicisme ? » demande Lise B. Tiré de l’anglais to prioritize, le verbe

prioriser a longtemps été mis au ban de la langue française. Des ouvrages de référence en ignorent l’existence, certains dictionnai­res le qualifient d’impropriét­é, mais d’autres, non des moindres ( Le

Larousse, Le Robert), en valident l’emploi. Pourquoi pas ? Après tout, prioriser ne signifie rien d’autre qu’accorder la priorité à quelqu’un, à quelque chose. Mais, diable qu’il est mal employé, le terme priorité, surtout par nos politicien­s, comme le remarque, avec une pointe de découragem­ent, une autre lectrice, Simone C. « Voici ma première priorité », disent celui-ci et celle-là. L’adjectif premier signifie qui vient en tête et le nom priorité désigne la propriété de ce qui se passe en premier ou le fait de passer avant toute autre chose. L’expression première priorité est donc un pléonasme. Il suffit d’y ajouter le mot prioriser – certains l’ont fait qui « priorisaie­nt leur première priorité » – pour que l’ensemble devienne risible.

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