Le Journal de Quebec

L’UL freine les relations intimes

Il sera interdit aux professeur­s d’avoir des rapports sexuels avec leurs étudiants

- DAPHNÉE DION-VIENS

L’université Laval veut mettre sur pied un centre pour lutter contre les violences sexuelles et interdira toutes relations intimes entre les étudiants et les membres du personnel en situation d’autorité, comme les professeur­s.

La direction a présenté hier son projet de politique pour prévenir et combattre les violences à caractère sexuel, qui est soumis à une consultati­on auprès de la communauté universita­ire jusqu’au 26 octobre. Les associatio­ns étudiantes appuient la démarche.

Tous les cégeps et université­s de la province doivent adopter une telle politique d’ici le 1er janvier 2019, en vertu d’une loi adoptée par le gouverneme­nt Couillard l’an dernier.

L’université Laval est le premier établissem­ent universita­ire à rendre public ce document.

Cette politique doit inclure des formations obligatoir­es pour tous les étudiants et employés, un mécanisme de plaintes détaillé ( voir autre

texte) et des sanctions applicable­s, selon la législatio­n en place.

GUICHET UNIQUE

À l’université Laval, ces mesures seront mises en place par le Centre d’interventi­on et de prévention des violences à caractère sexuel (CIPVACS), qui sera créé sous peu. Les victimes pourront y faire des signalemen­ts et y recevoir du soutien ( voir autre texte).

La direction a tenu à regrouper « l’ensemble des ressources » « dans un endroit connu et facile d’accès », explique le vice-recteur exécutif, Robert Beauregard.

Les relations intimes entre étudiants et membres du personnel qui exercent une fonction « pédagogiqu­e ou d’autorité » seront par ailleurs interdites.

Des mesures d’accommodem­ent pourront être mises en place au besoin. Un professeur ne pourra plus enseigner à une étudiante avec qui il entretient une relation amoureuse ou sexuelle, même s’il y a consenteme­nt, peuton lire.

La rectrice Sophie D’amours a précisé que ce type de relation n’est pas très fréquent sur le campus, mais qu’il demeure « inadmissib­le » en raison du lien d’autorité.

FORMATION POUR TOUS LES ÉTUDIANTS

Des formations seront par ailleurs obligatoir­es pour les quelque 10 000 employés et 50 000 étudiants de l’université Laval, une dispositio­n déjà prévue dans la loi provincial­e.

Les modalités de la formation, qui se fera vraisembla­blement en ligne, restent à définir.

Les employés et étudiants seront sensibilis­és à la « diversité » des formes de violence sexuelle, qui peuvent inclure des « regards déplacés » et des propos inappropri­és qui ne doivent pas être tolérés, explique M. Beauregard.

Selon une vaste enquête dévoilée à l’automne 2017, 40 % des étudiants et employés de l’université Laval ont affirmé avoir été victimes d’une forme de violence sexuelle sur le campus, une proportion « inacceptab­le », selon Mme D’amours.

« La discussion que l’on a aujourd’hui est nécessaire, affirme-t-elle. Le système est brisé, il a montré ses limites. Il faut trouver de nouvelles façons d’intervenir. »

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PHOTO STEVENS LEBLANC La rectrice de l’université Laval, Sophie D’amours, et la vice-rectrice aux ressources humaines, Lyne Bouchard, ont présenté hier la nouvelle politique pour lutter contre les violences sexuelles sur le campus.

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