Le Journal de Quebec

Les secrets de Gilles Vaillancou­rt et de ses acolytes mis au jour

- ERIC THIBAULT

« C’est le plus gros système de corruption de l’histoire du Québec, mais les gens ne sauront pas ce qui s’est passé. On ne peut pas laisser ça comme ça... »

Voilà ce que se disait Jean-louis Fortin, chef de notre Bureau d’enquête, en décembre 2016.

Gilles Vaillancou­rt venait de s’avouer coupable d’avoir dirigé un stratagème frauduleux de pots-de-vin et de contrats publics dont les Lavallois ont fait les frais. Et en renonçant à se défendre lors d’un procès qui aurait été hautement médiatisé, l’ex-maire contribuai­t aussi à garder le voile sur les détails de cette affaire.

STRATAGÈME DÉCRYPTÉ

« C’était la plus importante opération jamais menée par L’UPAC et ça faisait trois ans et demi que les procédures judiciaire­s traînaient. Si on veut prévenir la corruption et éviter que cela se répète, il faut pouvoir expliquer au public comment ce système a pu être mis en place et durer pendant toutes ces années. Et comment ses acteurs ont fini par se faire prendre », a affirmé cette semaine le coauteur du livre Gilles Vaillancou­rt – Le Monarque.

Pour percer les secrets du maire déchu, Fortin et ses collègues Sarah-maude Lefebvre et Andrea Valeria ont passé un an et demi à interroger des gens qui l’ont côtoyé, à fouiller dans les archives de la Ville et à trouver une foule de reportages médiatique­s à son sujet depuis les années 1970.

Notre confrère a aussi assisté au procès de l’entreprene­ur Tony Accurso, le seul procès de toute cette saga judiciaire où l’on comptait 37 accusés, et la seule occasion où la Couronne a étalé publiqueme­nt une partie de la preuve de l’enquête Honorer.

« C’était un système dont seul le maire connaissai­t tous les rouages, a-t-il précisé. Les gens vont apprendre à quel point il a prémédité ses actes qu’il savait illégaux. Tous les acteurs du système Vaillancou­rt se graissaien­t la patte. Personne n’osait dénoncer. »

PERSONNAGE FASCINANT

Cet « ouvrage nécessaire » brosse également un portrait de Vaillancou­rt, « un homme à la personnali­té fascinante » que rien ne prédestina­it à devenir l’un des politicien­s les plus puissants au Québec.

Fils d’un policier, aîné d’une famille de 10 enfants ayant grandi dans un quartier modeste de Laval-des-rapides, le Monarque étudiait pour devenir pharmacien quand un grave accident l’a incité à changer de voie.

On y découvre un bourreau de travail « prêt à tout » pour réussir. De l’échevin « gêné » et « mauvais orateur », il s’est « métamorpho­sé » en roi et maître d’une ville au développem­ent fulgurant.

« ALLEZ-VOUS ME VISITER ? »

« Malgré les millions qui dormaient dans ses comptes bancaires en Suisse, il était vu comme un gars près de ses sous qui préférait aller manger son smoked meat au petit restaurant du coin », a mentionné le journalist­e.

Même après avoir quitté la politique, Vaillancou­rt est resté « fin planificat­eur », selon Jean-louis Fortin, qui relate dans le livre des échanges entre l’ex-maire et la religieuse qui dirigeait un organisme de bienfaisan­ce pour lequel il faisait du bénévolat en 2013.

« Si je vais en prison, est-ce que vous allez venir me visiter ? », avait-il demandé à la soeur.

 ?? PHOTO MARTIN CHEVALIER ?? Le journalist­e Jean-louis Fortin, chef de notre Bureau d’enquête, a mis un an et demi à documenter et à rédiger le livre Gilles Vaillancou­rt — Le Monarque, en compagnie de ses collègues Sarah-maude Lefebvre et Andrea Valeria.
PHOTO MARTIN CHEVALIER Le journalist­e Jean-louis Fortin, chef de notre Bureau d’enquête, a mis un an et demi à documenter et à rédiger le livre Gilles Vaillancou­rt — Le Monarque, en compagnie de ses collègues Sarah-maude Lefebvre et Andrea Valeria.

Newspapers in French

Newspapers from Canada