Le Journal de Quebec

Le virus du Nil fait 11 morts au Québec

Il s’agit de la pire année jamais vue dans la province avec 155 cas de personnes infectées jusqu’à maintenant

- HUGO DUCHAINE

Plus de 150 Québécois auraient été infectés par le virus du Nil occidental cet été, alors que 11 en sont morts, la pire année jamais vue dans la province, et le bilan pourrait encore s’alourdir.

« On peut penser que la chaleur de cet été a joué un grand rôle [...], mais on est quand même surpris de l’ampleur », admet le Dr François Milord, médecin-conseil à la Direction de santé publique de la Montérégie.

Sa région est la plus touchée avec 67 cas probables et confirmés. Au Québec, les 155 infections recensées par le ministère de la Santé font de 2018 la pire année depuis 2012, durant laquelle 134 cas avaient été comptés. Les 11 décès survenus jusqu’à maintenant représente­nt aussi le double d’il y a six ans.

La soeur de Josée Lavictoire-bellemarre, Sylvie Bellemarre, est l’une des victimes foudroyées par le virus. Se sentant d’abord « fatiguée et grippée », elle a dépéri en quelques jours, avant de tomber dans un coma dont elle n’est jamais sortie, moins de 24 heures après son hospitalis­ation. La femme, qui a fait une encéphalit­e, est décédée le 19 septembre, environ deux semaines plus tard.

MANQUE DE PRÉVENTION

« On n’a pas d’informatio­n [...] on n’en a pas entendu parler cette année », déplore Mme Lavictoire-bellemarre. Elle n’a pas l’impression que les autorités ont fait suffisamme­nt de prévention.

« Il y a des campagnes qui existent, c’est d’y porter attention », plaide le Dr Milord.

« Cette augmentati­on des cas a été observée tard en saison. Au cours de l’été, le nombre de cas déclarés restait dans les valeurs normales des dernières années », fait quant à elle valoir par courriel la porte-parole du ministère de la Santé et des Services sociaux (MSSS), Marie-claude Lacasse.

Selon le Dr Milord, seule la prévention peut repousser le virus, puisqu’il n’existe aucun vaccin ou traitement pour le soigner. Manches longues et chasse-moustiques sont donc les seules protection­s.

80 % SANS SYMPTÔMES

Il souligne que 80 % des personnes infectées n’auront aucun symptôme. Environ 20 % auront l’impression d’avoir une grippe avec de la fièvre. C’est seulement pour 1 % des malades que le virus aura des conséquenc­es plus sévères. Les symptômes varient, allant de l’encéphalit­e à la paralysie de certains membres.

C’est notamment ce qu’a vécu Richard Éthier, de Laval, qui vient juste de rentrer à la maison après deux mois d’hospitalis­ation et de réadaptati­on. « Je suis dans les chanceux », reconnaît l’homme de 65 ans, qui a eu peur de ne jamais remarcher.

Il faisait des travaux de terrasseme­nt chez lui, au début du mois d’août, quand il a commencé à se sentir fatigué. Pendant trois jours, il a fait des nuits de 14 heures.

Se rendant finalement à l’urgence, il s’est effondré devant le médecin. Il n’avait plus aucun équilibre et était incapable de bouger ses jambes. Il est resté hospitalis­é deux semaines. Une fois le virus vaincu, il a dû réapprendr­e à marcher. Aujourd’hui, il se déplace avec une marchette.

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