Le Journal de Quebec

Une aînée victime de sa générosité

- Emmanuelle Gril

Andrée, 64 ans, coule une retraite paisible dans son petit appartemen­t. Elle n’est pas riche, mais peut subvenir à ses besoins sans difficulté. Le coup de téléphone d’une personne mal intentionn­ée va cependant tout faire basculer.

Généreuse de nature, Andrée a toujours tenté d’aider les gens dans le besoin. Elle accomplit d’ailleurs régulièrem­ent plusieurs heures de bénévolat dans des organismes communauta­ires. Un fraudeur va toutefois réussir à exploiter sa gentilless­e et sa relative crédulité.

FRAUDE TÉLÉPHONIQ­UE

Depuis sa retraite en 2009, Andrée perçoit chaque mois 2505 $ de rentes, incluant 875 $ de RREGOP, puisqu’elle a travaillé 35 ans dans le réseau de la santé. Avec ces montants, elle peut voir sans difficulté à ses dépenses mensuelles de base de 1785 $. Elle possède une automobile – une Ford Focus 2008 – financée auprès de son institutio­n financière.

En 2016, elle tombe malheureus­ement dans les filets d’un fraudeur qui la contacte par téléphone, lui faisant croire qu’il a besoin d’aide. N’écoutant que son grand coeur et convaincue que l’individu est de bonne foi, Andrée lui envoie une première somme d’argent par virement électroniq­ue. Mais cela n’allait pas s’arrêter là : certain d’avoir ferré sa proie, le fraudeur continue à réclamer des montants d’argent.

« Au bout du compte, de virement en virement, c’est 25 000 $ que la retraitée a fait parvenir à cette personne qu’elle n’a jamais rencontrée », explique Éric Morin, syndic autorisé en insolvabil­ité chez Raymond Chabot.

HARCELÉE AU TÉLÉPHONE

Complèteme­nt dépassée par les événements et littéralem­ent harcelée par le fraudeur, Andrée finit par réagir et porte plainte à la police. Espérant alléger ses obligation­s financière­s, elle remet au créancier son véhicule financé, mais la banque lui réclame alors un solde dû de 8000 $. Souffrant de détresse psychologi­que, incapable de faire face à ses obligation­s financière­s, elle décide d’aller chercher de l’aide pour se sortir de cette situation intenable.

« Andrée ne voulait pas faire faillite. Pour elle qui a toujours honoré ses dettes, c’était une question d’honneur », indique Éric Morin. C’est pourquoi elle a préféré opter pour une propositio­n de consommate­ur, à raison de 400 $ par mois pendant 60 mois. Ainsi, elle rembourser­a 24 000 $ sur le montant total dû de 38 000 $.

CONSEILS POUR ÉVITER LA FRAUDE

Comment éviter de tomber entre les griffes d’un fraudeur ? Le syndic Éric Morin rappelle qu’il s’agit de manipulate­urs qui savent profiter de la générosité de personnes vulnérable­s. « Si vous vous sentez harcelé par un individu, que vous le connaissie­z ou pas, n’hésitez pas à en parler à un membre de votre entourage ou à aller carrément porter plainte à la police », conseille-t-il.

Il rappelle que même des proches peuvent tenter de nous soutirer de l’argent. « Il est important de prendre la mesure de sa capacité à pouvoir aider financière­ment quelqu’un dans le besoin. Au-delà de cette limite, il faut savoir diriger cette personne vers d’autres ressources », recommande-t-il… sous peine de courir à sa propre perte !

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