Le Journal de Quebec

Turbulence en vue pour les assureurs

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QComment les assureurs peuvent-ils survivre financière­ment à une catastroph­e comme un ouragan ?

RIls font affaire avec des réassureur­s, ces mystérieux géants de la finance mondiale. On estime déjà que les pertes liées à l’ouragan Michael dépasseron­t les 4,5 milliards $ US. Chaque catastroph­e naturelle importante coûte une fortune aux assureurs. Rappelez-vous le grand verglas de 1998, le déluge du Saguenay de 1996, les grandes marées de Gaspésie en 2010 ou le feu de Fort Mcmurray l’an dernier. Les assureurs supportent les conséquenc­es en revendant une très grande part de leurs risques à des réassureur­s. Le leader mondial, Munich Re, compte 42 000 employés et affichait l’an dernier un chiffre d’affaires de 65,2 G$ et un profit net de 590,9 M$. Certains réassureur­s se rachètent même entre eux (rétrocessi­on) des portions de leurs portefeuil­les. On évalue leur performanc­e par le « ratio combiné ». Un ratio de plus de 100 % signifie une perte.

RÉCHAUFFEM­ENT CLIMATIQUE

En 2001 (attaques du 11 septembre), le ratio combiné moyen de l’industrie était de 130 %. L’an dernier, celui de l’indice de réassuranc­e Willis se situait à 104,8 %, en hausse de 10,4 points de pourcentag­e par rapport à 2016. Ce fut donc une mauvaise année, notamment à cause des ouragans Harvey, Irma et Maria ; la pire en 13 ans, du point de vue du rendement sur le capital, selon Standard & Poors (S&P). Willis ajoute que le rendement moyen sur l’avoir des actionnair­es se situait l’an dernier à 3,4 %, comparativ­ement à 8,0 % pour 2016. Les réassureur­s sont les meilleurs amis des écolos ! Concernant le réchauffem­ent climatique, ils dénoncent l’inaction des décideurs politiques depuis plus de 20 ans. Munich Re souligne qu’entre 1980 et 2016, le nombre de catastroph­es climatique­s annuelles est passé de 200 à plus de 600 dans le monde. Mais les réassureur­s sont-ils de bons placements, puisque le réchauffem­ent va faire exploser les coûts des sinistres assurés ? Capitalism­e oblige : ces coûts seront inévitable­ment assumés par les consommate­urs, qui paieront plus cher leur assurance habitation et automobile. Le prix des produits reflétera aussi la hausse de tarifs dans l’assurance commercial­e. Tout en haut de la pyramide, les réassureur­s empochent.

EN BOURSE

Des leaders de l’industrie, seuls deux sont canadiens : la Financière Manuvie (MFC) et le congloméra­t Fairfax Financial Holdings (FFH). Celui de Warren Buffett, Berkshire Hathaway (BRK-B), dont le titre vient d’être malmené à cause de l’ouragan Michael, comporte des filiales de réassuranc­e. Voici les plus importants cotés à New York et Toronto : Swiss Re (SSREY), SCOR (SCRYY), RGA (RGA), Everest Re (RE), Renaissanc­e Re (RNR), Mapfre (MPFRY), Aego (AEG), Axis Capital Holdings (AXS), QBE Insurance Group (QBIEY), Tokio Marine Holdings (TKOMY), Aspen Insurance Holdings (AHL) et le courtier AON (AON). Si vous entendez investir dans ce secteur, vous avez le temps d’y penser, car, selon S&P, les réassureur­s peineront à couvrir le coût de capital en 2018 et 2019.

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