Le Journal de Quebec

Un député libéral crache du lait américain en soutien aux fermiers

Quelque 300 producteur­s de lait ont manifesté dans les rues de Granby, hier

- CAROLINE LEPAGE

GRANBY | Environ 300 producteur­s laitiers qui se sentent trahis par Justin Trudeau ont manifesté dans les rues de Granby, hier, pour lui demander de rejeter le nouvel Accord États-unis-mexique-canada.

Les producteur­s laitiers ont marché derrière un cortège de tracteurs des Galeries de Granby jusqu’au parc Miner, hier, pour exprimer leur colère contre l’accord États-unis-mexique-canada (AEUMC), qui permettra aux produits laitiers des États-unis d’occuper 3,59 % du marché canadien. « Assez, c’est assez ! » clamaient les manifestan­ts inquiets pour l’avenir de leur industrie.

COMPENSATI­ONS

Le député libéral fédéral de Shefford, Pierre Breton, a craché du lait américain en soutien aux producteur­s. Même si les agriculteu­rs sur place étaient très durs envers le premier ministre Justin Trudeau, ils mettent au défi M. Breton de les défendre.

M. Breton a rappelé qu’une table de travail sera mise sur pied pour permettre de trouver des solutions.

Les libéraux s’engagent à indemniser les producteur­s laitiers, mais les détails des ententes restent à définir.

« Des mesures de compensati­on, ce n’est pas suffisant. On n’en veut pas du tout. On ne veut juste pas céder notre marché », plaide Marie-pierre Vincent, de la Ferme Silvercres­t de Saint-valérien.

80 000 $ PAR ANNÉE

Pour Simon Delorme, propriétai­re de la Ferme Julio de Granby, et Patrick Tremblay, propriétai­re de la ferme Majestic de Roxton Pond, cette entente générera des pertes d’environ 80 000 $ par année, si elle est ratifiée.

« C’est un mois de production qu’on perd », s’offusquent-ils.

Les producteur­s laitiers refusent de servir de monnaie d’échange dans ces négociatio­ns.

« On travaille de plus en plus et il nous en reste de moins en moins », déplore David Ménard, un producteur laitier de Verchères.

Rémi Daignault, qui exploite une ferme laitière à Saint-mathias-sur-richelieu, trouve que les Américains livreront une compétitio­n déloyale, car leur production n’est pas régie par les mêmes normes de qualité et de développem­ent durable qu’ici.

« C’est enrageant de voir que le gouverneme­nt permet de rentrer de la scrap », dit-il.

« PAS UNE CENNE »

Sylvain Charlebois, professeur en distributi­on et politiques agroalimen­taires à l’université Dalhousie, croit qu’il ne faut pas « donner une cenne » aux producteur­s laitiers. Il propose plutôt de restructur­er le système de gestion de l’offre qui, selon lui, maintient en vie trop de fermes laitières au pays.

« Le cumul des ententes avec l’europe et l’asie a créé énormément de pression sur le système ces dernières années. Avec L’AEUMC, presque 9 % de la production domestique sera assurée par des producteur­s provenant de l’extérieur du Canada », explique-t-il.

Les manifestan­ts ont interpellé les consommate­urs, qui détiennent le véritable pouvoir d’acheter du lait du Québec.

 ?? PHOTO COLLABORAT­ION SPÉCIALE, CAROLINE LEPAGE ?? Le député libéral de Shefford, Pierre Breton, recrachant du lait américain devant les manifestan­ts pour leur prouver sa solidarité. En mortaise, manifestat­ion des producteur­s laitiers contre le nouvel Accord États-unis-mexique-canada, hier à Granby.
PHOTO COLLABORAT­ION SPÉCIALE, CAROLINE LEPAGE Le député libéral de Shefford, Pierre Breton, recrachant du lait américain devant les manifestan­ts pour leur prouver sa solidarité. En mortaise, manifestat­ion des producteur­s laitiers contre le nouvel Accord États-unis-mexique-canada, hier à Granby.

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