Il n’avait que quelques mois à vivre
Les médecins ne croyaient pas que l’homme de Brossard allait survivre à un cancer du cerveau il y a neuf ans
Il y a neuf ans, un médecin annonçait à Guillaume Marcoux qu’il ne lui restait que quelques mois à vivre. Mais après deux périlleuses opérations pour lui retirer sa tumeur, l’homme de 37 ans est aujourd’hui l’un des rares survivants du cancer du cerveau.
« Je vis toujours sur du temps emprunté », reconnaît le résident de Brossard, qui ne sait jamais quand son cancer reviendra gâcher ses plans.
Il n’était marié que depuis trois mois quand il s’est effondré subitement sur la glace, en convulsions, lors d’un match amical de hockey peu après Noël. Transporté dans un hôpital de Longueuil, le verdict était sans appel. Il avait une tumeur au cerveau de la grosseur d’un oeuf.
« Ils m’ont dit : “on ne peut rien faire pour toi” », se souvient-il. À 28 ans, il devait aller faire son testament chez le notaire et remplir un mandat d’inaptitude avec sa nouvelle épouse, Julie Gaudreault.
C’était bien loin de la lune de miel à laquelle rêvaient les nouveaux mariés.
« Mais la plus belle chose qu’elle a faite, c’est de décider de rester, et qu’on se batte ensemble », souffle M. Marcoux, les yeux pleins d’eau.
Refusant d’abandonner, il a décidé d’aller consulter à l’institut et hôpital neurologiques de Montréal, à la suggestion d’une cousine. Après des dizaines d’examens et « des heures dans des machines », le neurochirurgien Benoît Goulet lui a dit qu’il prenait la chance de l’opérer.
OPÉRÉ ÉVEILLÉ
Mais une autre surprise attendait M. Marcoux. Il devait rester éveillé pendant l’intervention. En retirant sa tumeur du cerveau, il risquait aussi de perdre la parole ou de devenir aphasique. En le gardant alerte pendant l’opération, les médecins savaient quand s’arrêter.
« Ce n’est pas tout le monde qui est capable de subir ça, ça prend un grand niveau de collaboration », souligne le Dr Goulet, qui pratique cette chirurgie de cinq à 10 fois par an.
M. Marcoux est donc resté immobile, le crâne ouvert sur la table d’opération, pendant huit interminables heures.
« Tu sais ce qui se passe et tu te dis que ça n’a pas de bon sens », se rappelle-t-il.
Une neuropsychologue lui montrait un jeu de cartes, avec des images d’animaux qu’il devait nommer.
Il a perdu la parole pour quelques stressantes secondes. Il voyait la photo d’une vache, mais aucun son ne sortait de sa bouche. Au-dessus de lui, le neurochirurgien savait qu’il devait arrêter de couper.
RECHUTE
L’intervention a été un succès, mais deux ans plus tard, le pernicieux cancer était de retour. Sa tumeur tentaculaire est impossible à retirer complètement.
À nouveau, il a subi une chirurgie de six heures, suivie cette fois de traitements de chimio et radiothérapie.
S’il est miraculé, la maladie laisse malgré tout des cicatrices.
« Tu perds tout », dit M. Marcoux, expliquant qu’il a dû arrêter de conduire, qu’il ne peut plus jouer au hockey ou faire du ski à cause des risques. Il prend aussi des médicaments contre les convulsions.
UN FILS
Mais la vie lui réservait une belle surprise. Sa conjointe et lui ont eu un fils, Mathis, qui aura bientôt trois ans.
À sa naissance, M. Marcoux a fait une promesse à son fils et sa conjointe.
« Je vais être le meilleur papa tant et aussi longtemps que je serai là », racontet-il, ne cachant pas sa crainte de ne pas le voir grandir.
Tous les six mois, il retourne chez le médecin pour vérifier que le cancer se tient loin, des rencontres angoissantes chaque fois, craignant une mauvaise nouvelle.