Le Journal de Quebec

PAS DE TROISIÈME LIEN AVANT 2032

Labeaume commande sa propre étude

- STÉPHANIE MARTIN

Incertain de l’avenir du bureau de projet pour le troisième lien, le maire de Québec a commandé sa propre étude, qui conclut qu’il faudra au moins dix ans avant le début de la constructi­on, loin des quatre ans promis par la CAQ, et entre 15 et 17 ans pour la réalisatio­n complète.

La Ville de Québec a octroyé le 26 février 2018 un mandat de services profession­nels à la firme d’ingénieurs WSP. Le contrat, d’une valeur de 7800 $, avait pour objet l’« estimation du délai des travaux de démarrage, de planificat­ion et de réalisatio­n du projet de constructi­on d’un troisième lien interrives entre Québec et Lévis ».

Le Journal a obtenu cette étude par l’accès à l’informatio­n.

Se basant principale­ment sur l’étude réalisée par Bruno Massicotte, de l’école Polytechni­que de Montréal, et sur les directives sur la gestion des projets majeurs d’in- frastructu­res publiques du gouverneme­nt du Québec, les ingénieurs calculent qu’il faudra entre 15 et 17 ans pour finaliser un troisième lien s’il s’agit d’un tunnel, et entre 14 et 16 ans pour un pont.

PAS AVANT 2032

Cela signifie que, selon les spécialist­es, les autos ne rouleront pas sur l’infrastruc­ture avant 2032, dans le scénario le plus optimiste.

Depuis des mois, la Coalition avenir Québec, qui forme maintenant le gouverneme­nt, promet qu’elle amorcera la constructi­on du futur lien dans son premier mandat, soit dans les quatre prochaines années. Les conclusion­s des experts de WSP contredise­nt cette prétention. Il faudra selon eux plus de 10 ans pour passer à travers toutes les étapes préliminai­res.

Une recension publiée par Le Journal, le 20 février, sur des projets de ponts d’envergure construits en Amérique depuis 2003 en venait au même résultat, avec une moyenne de seize ans, dont généraleme­nt plus de dix avant le début de la constructi­on.

Pourquoi avoir commandé cette étude à WSP alors que le gouverneme­nt du Québec a engagé 20,5 millions $ pour une étude de faisabilit­é technique complète qui doit être rendue en 2020 ?

MANDAT MODIFIÉ

« On ne connaît pas l’avenir du bureau de projet », répond au Journal le maire Labeaume qui, déjà au début de l’année, voyait poindre une modificati­on du mandat. « Ça se discutait, l’avenir du bureau de projet, parce que les politicien­s en parlaient. »

« Ce contrat-là, c’était pour aller chercher une certaine réponse sur une donnée fondamenta­le. »

Régis Labeaume convient que le nouveau gouverneme­nt de la Coalition avenir Québec, démocratiq­uement élu, a toute la latitude pour modifier le mandat. « On n’a pas le goût d’affronter le gouverneme­nt dans ce dossier-là. Pas du tout. Mais on veut avoir des réponses. »

Et ces réponses sont selon lui essentiell­es pour ses concitoyen­s. « Moi, mon travail c’est de protéger la population de Québec. Et que la population de Québec ait toute l’informatio­n possible sur un éventuel troisième lien, qu’il soit à l’est, à l’ouest, où tu voudras. […] Nous autres, on dit : “Prouvez-nous qu’il y a un gain net.” Et si pour avoir cette preuve-là, s’il y a du travail qu’on doit faire nous autres mêmes, on va le faire. »

« PAS DEUX, TROIS ANS »

Régis Labeaume a souvent émis des doutes envers les échéancier­s avancés sur la place publique. « Il ne faut pas penser que ça prend deux, trois ans, cette affairelà. Les gens ont le droit de savoir la vérité. Ça prend toujours entre 10 et 15 ans », soutenait-il en décembre dernier.

En septembre, il avait aussi affirmé, chiffres à l’appui, qu’un troisième lien à l’est permettrai­t de réduire le temps de transport de seulement 3000 personnes sur les 24 000 qui franchisse­nt les ponts en direction nord le matin. Il anticipait un afflux de voitures sur les artères de l’est de la Ville, qui augmentera­it les temps de déplacemen­t des citoyens de Beauport et Charlesbou­rg.

Il y a des informatio­ns qu’on devra aller chercher nous-mêmes, tout simplement, et qu’on va donner à la population. C’est nécessaire pour comprendre.

Je ne suis pas maire de Saint-raphaël-deBellecha­sse. Je suis le maire de Québec et je veux que les gens de Québec aient le plus de réponses possible. »

À un moment donné, il se dit beaucoup de choses. Et ça prend des profession­nels pour avoir des données scientifiq­ues, pour avoir des vérités. » — Régis Labeaume, maire de Québec

 ?? PHOTOS D’ARCHIVES, COURTOISIE ET SIMON CLARK ?? Les ingénieurs de WSP calculent qu’il faudra entre 15 et 17 ans pour mener à terme un tunnel entre Québec et Lévis et entre 14 et 16 ans pour un pont. Ci-dessus, une illustrati­on dévoilée en mars 2014 dans le cadre d’une campagne favorisant un troisième lien par la Chambre de commerce de Lévis.
PHOTOS D’ARCHIVES, COURTOISIE ET SIMON CLARK Les ingénieurs de WSP calculent qu’il faudra entre 15 et 17 ans pour mener à terme un tunnel entre Québec et Lévis et entre 14 et 16 ans pour un pont. Ci-dessus, une illustrati­on dévoilée en mars 2014 dans le cadre d’une campagne favorisant un troisième lien par la Chambre de commerce de Lévis.

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