Des départs prématurés qui sont inquiétants à la GRC
Le climat de travail expliquerait la hausse
OTTAWA | De plus en plus d’employés de la Gendarmerie royale du Canada quittent le navire avant la retraite ou partent à cause d’un handicap, révèlent des chiffres obtenus par Le Journal.
« Le portrait est très inquiétant, non seulement pour les gens qui sont déjà à la GRC, mais c’est inquiétant pour l’avenir de l’organisme. On va dire aux gens qu’on recrute de venir travailler là parce qu’ils auront une meilleure vie et qu’on prendra soin d’eux. Mais on voit par les chiffres que ce n’est pas le cas à l’heure actuelle », dit Paul Dupuis, sergent à la retraite de la GRC et porte-parole de l’association des membres de la police montée du Québec.
HAUSSES INQUIÉTANTES
Depuis cinq ans, on observe une hausse de départs de la GRC, qui a vu 847 de ses membres quitter l’organisation en 20172018. Si la retraite motivait plus de 62 % de ces arrêts de travail en 2013-2014, ce chiffre est tombé à moins de 50 % l’an dernier.
On constate aussi une hausse des départs à cause d’un handicap physique ou mental.
Si la GRC n’y voit pas une fluctuation inhabituelle, M. Dupuis, lui, voit un problème de culture de cette police.
Rappelons que de nombreux rapports ont révélé que la GRC était par exemple « aux prises avec des problèmes de harcèlement, d’intimidation et de harcèlement sexuel au travail depuis des décennies ».
CHANGEMENT DE MENTALITÉ
« Il faut changer la mentalité à la GRC, surtout en lien avec la santé mentale », dit M. Dupuis.
Selon lui, depuis que de nouvelles direc- tives ont été mises en place en 2013, la GRC oblige maintenant des membres ayant des enjeux de santé mentale à partir, plutôt que de tenter de les accommoder à l’interne s’ils désirent rester.
Autre statistique remarquable : l’an dernier, le nombre de congédiements a bondi de 6 à 17. Selon la GRC, les mises à pied s’expliquent par l’inaptitude au travail policier, l’abandon de poste ou l’emprisonnement.
« Le congédiement, lui, fait généralement suite à une contravention grave au code de déontologie de la GRC », explique une porte-parole. Celle-ci a ajouté que la GRC compte aussi depuis récemment les congédiements de nouveaux membres réguliers pendant leur stage en début de carrière.
RIEN D’INHABITUEL
En général, la GRC assure que les chiffres obtenus par Le Journal ne révèlent pas de tendance anormale.
« Il n’y a pas eu de fluctuation inhabituelle d’une année à l’autre dans le nombre de départs au cours des cinq derniers exercices […] Le taux d’attrition a augmenté, passant de 4 % à 4,5 %, mais il ne s’agit pas là d’un changement important. La GRC surveille le taux d’attrition de ses effectifs sur une base continue afin de déterminer les raisons des départs », nous a écrit la sergente Marie Damian.
Pour ce qui est des départs pour handicap, le service de police y voit plutôt un changement démographique.
« La procédure de renvoi pour des raisons médicales a toujours existé, mais la mise en oeuvre d’un processus complet de gestion de l’incapacité pourrait avoir contribué à une légère augmentation. Mais celle-ci est aussi liée aux caractéristiques démographiques des membres de la GRC, qui vieillissent et partent à la retraite », continue-t-elle.