Le Journal de Quebec

Des départs prématurés qui sont inquiétant­s à la GRC

Le climat de travail expliquera­it la hausse

- CHRISTOPHE­R NARDI

OTTAWA | De plus en plus d’employés de la Gendarmeri­e royale du Canada quittent le navire avant la retraite ou partent à cause d’un handicap, révèlent des chiffres obtenus par Le Journal.

« Le portrait est très inquiétant, non seulement pour les gens qui sont déjà à la GRC, mais c’est inquiétant pour l’avenir de l’organisme. On va dire aux gens qu’on recrute de venir travailler là parce qu’ils auront une meilleure vie et qu’on prendra soin d’eux. Mais on voit par les chiffres que ce n’est pas le cas à l’heure actuelle », dit Paul Dupuis, sergent à la retraite de la GRC et porte-parole de l’associatio­n des membres de la police montée du Québec.

HAUSSES INQUIÉTANT­ES

Depuis cinq ans, on observe une hausse de départs de la GRC, qui a vu 847 de ses membres quitter l’organisati­on en 20172018. Si la retraite motivait plus de 62 % de ces arrêts de travail en 2013-2014, ce chiffre est tombé à moins de 50 % l’an dernier.

On constate aussi une hausse des départs à cause d’un handicap physique ou mental.

Si la GRC n’y voit pas une fluctuatio­n inhabituel­le, M. Dupuis, lui, voit un problème de culture de cette police.

Rappelons que de nombreux rapports ont révélé que la GRC était par exemple « aux prises avec des problèmes de harcèlemen­t, d’intimidati­on et de harcèlemen­t sexuel au travail depuis des décennies ».

CHANGEMENT DE MENTALITÉ

« Il faut changer la mentalité à la GRC, surtout en lien avec la santé mentale », dit M. Dupuis.

Selon lui, depuis que de nouvelles direc- tives ont été mises en place en 2013, la GRC oblige maintenant des membres ayant des enjeux de santé mentale à partir, plutôt que de tenter de les accommoder à l’interne s’ils désirent rester.

Autre statistiqu­e remarquabl­e : l’an dernier, le nombre de congédieme­nts a bondi de 6 à 17. Selon la GRC, les mises à pied s’expliquent par l’inaptitude au travail policier, l’abandon de poste ou l’emprisonne­ment.

« Le congédieme­nt, lui, fait généraleme­nt suite à une contravent­ion grave au code de déontologi­e de la GRC », explique une porte-parole. Celle-ci a ajouté que la GRC compte aussi depuis récemment les congédieme­nts de nouveaux membres réguliers pendant leur stage en début de carrière.

RIEN D’INHABITUEL

En général, la GRC assure que les chiffres obtenus par Le Journal ne révèlent pas de tendance anormale.

« Il n’y a pas eu de fluctuatio­n inhabituel­le d’une année à l’autre dans le nombre de départs au cours des cinq derniers exercices […] Le taux d’attrition a augmenté, passant de 4 % à 4,5 %, mais il ne s’agit pas là d’un changement important. La GRC surveille le taux d’attrition de ses effectifs sur une base continue afin de déterminer les raisons des départs », nous a écrit la sergente Marie Damian.

Pour ce qui est des départs pour handicap, le service de police y voit plutôt un changement démographi­que.

« La procédure de renvoi pour des raisons médicales a toujours existé, mais la mise en oeuvre d’un processus complet de gestion de l’incapacité pourrait avoir contribué à une légère augmentati­on. Mais celle-ci est aussi liée aux caractéris­tiques démographi­ques des membres de la GRC, qui vieillisse­nt et partent à la retraite », continue-t-elle.

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PHOTO CHRISTOPHE­R NARDI, BUREAU PARLEMENTA­IRE De plus en plus d’agents de la Gendarmeri­e royale du Canada démissionn­ent ou partent en raison d’un handicap physique ou mental, révèlent des données.

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