Poids du troisième lien
Le troisième lien représente l’occasion parfaite, pour le maire Régis Labeaume, de faire la démonstration de son poids politique actuel, comme il l’a souvent fait dans le passé relativement à d’autres projets.
Quoi qu’il en dise, M. Labeaume s’est certainement positionné comme l’élu le moins convaincu de la région à propos du troisième lien.
Il faut quand même du courage pour s’inscrire ainsi à contre-courant contre un projet porté par des animateurs de radio privée qui, dans certains cas, font de leur cabale contre lui leur pain et leur beurre.
Reste qu’un gestionnaire de fonds publics responsable ne peut appuyer sérieusement, à cette étape-ci, un projet dont on ne connaît encore rien.
Jusqu’à maintenant, et on ne le répétera jamais assez, aucun expert n’est venu dire que l’ajout de ce lien permettrait de régler les problèmes de congestion ni même de les soulager à moyen et long terme.
Clairement, la prudence est de mise. On n’est pas en mesure de se forger une opinion intelligente, disait hier l’indépendant Yvon Bussières, doyen du conseil municipal.
FORTE PRESSION
Toutefois la pression sera forte, avec l’élection d’un gouvernement majoritaire de la CAQ, qui a fait du troisième lien son principal engagement pour la région. On verra alors comment le maire s’y prendra pour faire valoir son point et défendre avec efficacité les intérêts des gens de Québec.
Dans le contexte, il n’est pas étonnant que la Ville tente de documenter le projet, ce qu’elle a fait avec une étude commandée à une firme d’ingénieurs, comme nous l’avons révélé dans nos pages.
L’étude démontre qu’il faudrait au moins dix ans avant le début de la construction d’un troisième lien, ce qui vient discréditer la position intenable de la CAQ, qui a promis d’y parvenir dans un premier mandat, donc d’ici quatre ans.
Le maire devra toutefois négocier avec ce même gouvernement pour s’assurer de la réalisation de son projet de transport structurant.
Le premier ministre Legault a réitéré son appui au projet, au lendemain de l’élection, mais il pourrait être tenté de jouer sur les conditions pour tenter de faire du chemin par rapport au troisième lien.
Il reste à espérer que la population ne fera pas les frais de ce jeu politique, alors que Québec est la seule ville de 500 000 habitants et plus au Canada qui n’est toujours pas dotée d’un système de transport structurant.