Le Journal de Quebec

Stéphanie Raymond de retour en Cour suprême

Elle veut obtenir un deuxième procès contre son présumé agresseur

- NICOLAS SAILLANT

Près de sept ans après l’agression sexuelle alléguée, l’ex-militaire Stéphanie Raymond espère que la Cour suprême du Canada lui donnera raison pour une deuxième fois afin que son présumé agresseur, l’adjudant André Gagnon, soit finalement condamné.

Telle une histoire qui n’en finit plus, Stéphanie Raymond attendait la date d’aujourd’hui avec un mélange d’intérêt et d’anxiété depuis des semaines.

« C’est un chapitre de ma vie que je ne peux jamais vraiment fermer », déclare-t-elle.

Aujourd’hui à Ottawa, le dossier de l’agression sexuelle dont elle dit avoir été victime se retrouvera devant le plus haut tribunal afin de déterminer pour de bon si oui ou non elle a droit à un deuxième procès.

En décembre 2011, après un party de Noël de l’unité de réserve du régiment de la Chaudière, Stéphanie Raymond et l’adjudant André Gagnon s’étaient retrouvés au mess, seuls.

L’accusé avait embrassé la victime avant de la déshabille­r et de commettre des attoucheme­nts avec sa bouche et ses doigts.

Stéphanie Raymond avait fait cesser les gestes avant la pénétratio­n, puis porté plainte peu de temps après.

SAGA

Il aura toutefois fallu près de deux ans avant que des accusation­s ne soient déposées devant la Cour martiale. « On m’a niaisée, et on ne m’a pas crue pendant deux ans », dit Mme Raymond.

L’adjudant Gagnon avait été acquitté, le juge estimant que sa défense « de croyance sincère, mais erronée au consenteme­nt » était valable. Stéphanie Raymond s’était alors résignée.

« La journée de l’acquitteme­nt, je me suis dit : tu n’auras jamais justice, ta réputation ne sera jamais lavée. » Entre-temps, Mme Raymond a été congédiée de l’armée.

Le dossier s’est toutefois rendu devant la Cour suprême, puis devant la Cour d’appel de la Cour martiale avant de retourner en Cour suprême ( voir chronologi­e).

#MOIAUSSI

Aujourd’hui employée de Revenu Québec, Stéphanie Raymond a tiré un trait sur son passé militaire, mais pas sur cette triste soirée. Si la Cour suprême autorise finalement ce deuxième procès, elle sait que la saga se poursuivra encore longtemps.

« Dans ma tête, je sais que les cinq prochaines années peuvent être teintées de ça. » Elle sait aussi qu’elle devra reprendre son témoignage sans rien oublier, puisque chaque hésitation jouera en faveur de l’accusé.

Toutefois, le mouvement #moiaussi, survenu bien après le dépôt de sa plainte, l’a beaucoup motivée. « Je me suis dit que j’allais continuer comme toutes les autres femmes qui se sont battues contre Gomeshi et Bill Cosby. »

« C’est un marathon d’endurance. Eux, ils se disent que je vais finir par abandonner, mais moi je dis : vous allez m’avoir dans votre face jusqu’à la fin », affirme-telle, convaincue que la justice triomphera.

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PHOTO DIDIER DEBUSSCHÈR­E L’ex-militaire Stéphanie Raymond attendait la date d’aujourd’hui avec un mélange d’intérêt et d’anxiété.
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