Le Journal de Quebec

N’envoyez pas de fleurs…

- JOSÉE LEGAULT Blogueuse au Journal Politologu­e, auteure, chroniqueu­se politique josee.legault@quebecorme­dia.com @joseelegau­lt

Pour le Parti libéral du Québec, la chute est brutale, mais elle n’a rien de fatal. Au scrutin de 2014, il récoltait 42 % des voix et 70 élus. Le voilà réduit à moins de 25 % et à 29 élus seulement. Chez les francophon­es, la plongée est vertigineu­se.

L’examen de conscience se devra donc d’être profond, mais le sera-t-il vraiment ? À voir la future course à la chefferie déjà bel et bien enclenchée dans les coulisses — et devant les caméras —, c’est à se demander si cela n’empêchera pas une véritable remise en question.

En attendant la suite, chez les libéraux, le départ de Philippe Couillard n’aura fait pleurer personne. Son enterremen­t, politiquem­ent parlant, fut expéditif. N’envoyez pas de fleurs et ne sortez pas vos mouchoirs. Ou comme disent les Anglais : don’t call us, we’ll call you…

PIRE DÉFAITE

Après avoir présidé à la pire défaite du PLQ en 151 ans, l’ex-docteur-expremier-ministre est parti à la pêche à sa prochaine carrière. Quelque part dans le bureau d’un prestigieu­x chasseur de têtes, peut-être croisera-t-il même Jean-françois Lisée – quant à lui responsabl­e de la raclée historique subie par le Parti québécois. À moins qu’ils ne lancent ensemble une nouvelle firme : Couillard & Lisée : experts en démolition.

Au PLQ, celles et ceux qui ambitionne­nt de le diriger offrent déjà chacun leur petite ordonnance. Pour Alexandre Taillefer, l’ex-président gaffeur de la campagne libérale, le parti doit redevenir plus nationalis­te. Pour d’autres, dont la nouvelle députée Marwah Rizqy, il devra retrouver ses racines sociales-démocrates.

On les voit même se colleter sur l’épineuse question des signes religieux ; M. Taillefer souhaitant un « compromis » ; Mme Rizqy, s’accrochant au statu quo.

Entre autres successeur­s potentiels, il y aura aussi sûrement les Pierre Moreau, André Fortin, Sébastien Proulx et Dominique Anglade. Le prix, après tout, en vaut la chandelle. Le PLQ est un vieux parti de pouvoir. Il y retournera un jour, c’est certain.

Que les dieux de la politique protègent toutefois les Québécois de Gaétan Barrette. Après avoir démantibul­é le système de santé, qu’il se garde une petite gêne pour la suite !

FRANCOPHON­ES IGNORÉS

Le « purgatoire » néanmoins douillet de l’opposition officielle leur fera le plus grand bien. À terme, leur vrai problème est cependant ailleurs. À moins d’un revirement majeur d’ici le scrutin de 2022, le gouverneme­nt de François Legault prendra grand soin de l’électorat francophon­e. Celui-là même dont le PLQ a besoin pour espérer un retour plus rapide aux affaires.

Or, cet électorat, toutes origines confondues, la CAQ lui doit sa victoire. Il en prendra grand soin. Il le fera avec raison parce que sous les régimes Charest et Couillard, les inquiétude­s fondées de la majorité ont été trop souvent ignorées.

S’il fallait que la CAQ réussisse aussi à enclencher un redresseme­nt palpable en éducation et en santé, tout en réinvestis­sant dans des services sociaux vitaux pour une société vieillissa­nte, le PLQ pourrait même se voir gruger une partie de son vote anglophone et allophone. À suivre…

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L’enterremen­t de Philippe Couillard, politiquem­ent parlant, fut expéditif. Ne sortez pas vos mouchoirs.

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