Riyad pourrait admettre que le journaliste a été tué par accident
Il serait mort lors d’une interrogation qui aurait mal tourné au consulat saoudien
WASHINGTON | (AFP) L’arabie saoudite envisage de reconnaître que le journaliste Jamal Khashoggi est mort lors d’un interrogatoire qui aurait mal tourné au consulat saoudien à Istanbul, rapportaient hier des médias américains.
Selon CNN, citant deux sources anonymes, Riyad préparerait un rapport dans lequel elle tenterait de minimiser son implication dans la disparition de l’éditorialiste, critique du pouvoir saoudien.
Le rapport, avance l’une de ces sources, conclurait que l’opération a été menée « sans autorisation ni transparence » et que « les personnes impliquées seront tenues pour responsables ».
Une position qui permettrait à la famille royale saoudienne, selon des sources proches du dossier mentionnées par le Wall Street Journal, de « se dédouaner d’une implication directe » dans la mort de M. Khashoggi.
Exilé aux États-unis depuis 2017, le collaborateur du Washington Post n’a plus donné signe de vie depuis le 2 octobre après s’être rendu au consulat saoudien à Istanbul pour des démarches administratives en vue de son mariage avec une Turque.
L’arabie saoudite assure jusqu’ici qu’il a quitté la représentation diplomatique peu de temps après, mais n’a pas été en mesure d’en apporter les preuves.
Après s’être entretenu par téléphone avec le roi Salmane, Donald Trump a émis hier une hypothèse allant dans le sens du rapport que préparerait Riyad.
« Je ne veux pas spéculer à sa place, mais il m’a semblé que, peut-être, cela pourrait être le fait d’éléments incontrô- lables. Qui sait ? » s’est interrogé le président américain.
FOUILLES
À Istanbul hier soir, les autorités turques ont fouillé le consulat saoudien.
Un convoi de six voitures est arrivé au consulat sous haute sécurité peu après 19 h, a constaté une journaliste sur place. Les policiers, certains en uniforme et d’autres en civil, sont immédiatement entrés dans le bâtiment pour entamer leurs recherches.
Les équipes étaient toujours à l’intérieur du consulat trois heures après le début des fouilles et un expert est monté sur le toit du bâtiment.
À OTTAWA
Au Canada, la ministre des Affaires étrangères a appelé hier à la tenue d’une enquête approfondie et transparente sur la disparition du journaliste saoudien Jamal Khashoggi, dans une conversation téléphonique avec son homologue de Riyad.
La ministre Chrystia Freeland a dit que le Canada était « très inquiet » de la disparition de M. Khashoggi et qu’elle en avait fait part au ministre saoudien des Affaires étrangères, Adel Al-jubeir.