Des indemnités de l’exPDG de Lafarge saisies
Le cimentier soupçonné de financement du terrorisme
PARIS | (AFP) Les juges d’instruction ont saisi près de quatre millions d’euros (6,20 M$) sur les indemnités de départ de l’ex-pdg de Lafarge Bruno Lafont et de trois anciens dirigeants mis en examen dans l’enquête sur les soupçons de financement du terrorisme en Syrie visant le cimentier.
Les magistrats ont notamment saisi une partie des indemnités de départ de Bruno Lafont, pour un montant de 2,475 millions d’euros (3,75 M$), a indiqué l’une de ces sources, confirmant une information de France Inter.
Dernier patron de Lafarge jusqu’à sa fusion avec Holcim en 2015, il avait, au moment de son départ, touché au total plus 8,4 millions d’euros (12,6 M$), une somme comprenant une indemnité de 5,9 millions d’euros (8,9 M$) et une rémunération exceptionnelle de 2,5 millions (3,76 M$).
Les autres dirigeants concernés sont les deux anciens directeurs de la filiale syrienne (Lafarge Cement Syria, LCS), Bruno Pescheux et Frédéric Jolibois, et l’ex-directeur général adjoint de Lafarge, Christian Herrault.
Dans cette vaste enquête, le cimentier est soupçonné d’avoir versé entre 2011 et 2015, via sa filiale LCS, près de 13 millions d’euros (19,5 G$), notamment à des groupes armés, dont l’organisation État islamique, pour maintenir l’activité de son usine de Jalabiya dans le nord de la Syrie alors que le pays s’enfonçait dans la guerre.
AU QUÉBEC
Le Québécois Paul Desmarais Jr., CO-PDG de Power Corporation, siège au conseil d’administration de Lafarge depuis 2008. Le holding GBL, contrôlé par les familles Desmarais et Frère, était de plus le premier actionnaire de Lafarge (avec 20 % du capital) au moment des faits reprochés. Malgré la controverse, M. Desmarais Jr. a dit en avril vouloir se faire réélire au C.A. de Lafarge. Les bureaux de GBL en Belgique ont été perquisitionnés à la fin 2017. Le Québécois Paul Desmarais Jr. y a été interrogé par la police belge et son téléphone a été mis sur écoute, tout comme d’autres administrateurs de GBL. M. Desmarais ne fait l’objet d’aucune accusation personnellement.