Le Journal de Quebec

La peur de l’étranger, ça se soigne

- LOUISE DESCHÂTELE­TS louise.deschatele­ts@quebecorme­dia.com

Pour son bénéfice personnel, je souhaite répondre à cette personne anonyme qui ce matin signait la lettre titrée « L’invasion est à nos portes ». Alors qu’elle avait lu que des dizaines de familles iraniennes étaient en attente d’un OK du gouverneme­nt fédéral pour venir s’installer au Québec, elle exprimait sa peur d’une invasion musulmane. Je suis outré par son commentair­e ainsi que par tous ceux venant de gens qui ont peur des immigrants, qu’ils soient musulmans, noirs, ou de toutes les autres minorités, parce que ces personnes sont différente­s d’elles.

Je suis un homme de 80 ans. Depuis que je suis veuf, je loue des chambres à des étrangers. Malgré ma petite taille (5 pieds 5 pouces 140 livres), je n’ai jamais eu peur d’aucun d’entre eux, car ces gens sont polis, gentils et discrets. J’ai hébergé chez moi des étudiants français, mexicains, turcs musulmans, afghans musulmans, tchadiens noirs et musulmans, guadeloupé­ens noirs, camerounai­s noirs, et bien sûr, des Québécois.

Mon expérience me dit que je préfère, et de beaucoup, louer une chambre à un étranger plutôt qu’à un Québécois indiscipli­né qui fume en ouvrant la fenêtre de sa chambre pour me faire croire qu’il ne fume pas, qui consomme des drogues et de l’alcool, qui se sert dans le frigo ou l’armoire, qui prend des choses sans le demander sous prétexte qu’il y en a beaucoup, qui retarde ses paiements pour toutes sortes de raisons, qui te demande même de lui prêter de l’argent sans le rendre à la date prévue et qui finit par partir avant de t’avoir remboursé.

Moi je continue à dire « Bienvenue » aux immigrants ! Et aux citoyens de souche je leur dis que « la peur, c’est, dans les faits, l’ignorance de l’inconnu et rien d’autre ». En ce sens, je consens à vous voir publier mon nom, car je m’assume totalement. Maurice Nadeau

Je partage votre opinion. Ce qui m’attriste chez de nombreuses personnes récalcitra­ntes à l’immigratio­n, c’est l’absence totale de volonté de faire l’effort d’apprivoise­r l’inconnu pour apprendre à le connaître et à l’apprécier avec ses différence­s. C’est le règne de la réaction instinctiv­e qui domine et qui met un frein à la volonté d’accueillir celui ou celle qui a moins reçu et qui vient se réfugier chez nous pour se donner les chances d’une meilleure vie.

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