Le Journal de Quebec

Victoire de Stéphanie Raymond en Cour suprême

L’adjudant à la retraite André Gagnon devra subir un nouveau procès

- GUILLAUME ST-PIERRE

OTTAWA | L’ex-caporale réserviste Stéphanie Raymond s’est dite « agréableme­nt surprise et soulagée » après que la Cour suprême a annulé, hier, l’acquitteme­nt du militaire qu’elle accuse de l’avoir agressée sexuelleme­nt en 2011.

« C’est la preuve que ça vaut la peine de continuer » et de réclamer justice, a-t-elle confié à Michelle Lamarche, journalist­e à TVA Nouvelles.

L’adjudant retraité André Gagnon, acquitté d’agression et de harcèlemen­t sexuel sur Mme Raymond, devra donc subir un nouveau procès, a tranché le plus haut tribunal du pays.

DÉFENSE IRRECEVABL­E

Dans un jugement unanime rendu sur le banc, les neuf magistrats ont estimé que l’acquitteme­nt de M. Gagnon, sur la base « de la croyance sincère, mais erronée au consenteme­nt » de Mme Raymond, n’aurait jamais dû être accordé par le tribunal militaire de première instance.

S’exprimant au nom du tribunal, le juge en chef de la Cour suprême, Richard Wagner, a affirmé « qu’il n’y avait aucune preuve » qui permettait de conclure que M. Gagnon « avait pris des mesures raisonnabl­es pour s’assurer du consenteme­nt » de Mme Raymond.

Le tribunal confirme ainsi la décision de la Cour d’appel de la Cour martiale, qui a rejeté la défense de l’adjudant Gagnon en janvier dernier. Il s’agit donc d’un important rebondisse­ment dans cette véritable saga judiciaire.

« Ça ne veut pas dire que l’adjudant Gagnon est nécessaire­ment coupable, ça veut dire qu’il ne peut pas se prétendre non coupable sur la base qu’il pensait qu’elle consentait », explique l’avocat de Mme Raymond, le major Dominic Martin.

Il s’agit donc d’un important rebondisse­ment dans cette saga judiciaire dont les faits remontent à 2011. Mais selon l’avocat d’andré Gagnon, le capitaine de corvette Mark Létourneau, le nouveau procès ne se mettra pas en branle avant au mois un an.

DEUX VERSIONS

Durant les plaidoirie­s en Cour suprême, les avocats des deux camps ont chacun offert une version bien différente des événements.

Pour la défense, M. Gagnon pouvait « raisonnabl­ement conclure » que Mme Raymond était « intéressée à avoir des contacts sexuels » en raison la nature de ses gestes.

Le camp Raymond, à l’inverse, a argué que celleci est « demeurée passive », et n’a pas cherché à « embrasser » son supérieur hiérarchiq­ue et qu’elle ne s’est pas elle-même déshabillé­e.

Stéphanie Raymond avait fait cesser les gestes avant la pénétratio­n. Elle a porté plainte peu de temps après.

Les faits se sont produits en décembre 2011 au Manège militaire de Lévis à la suite d’un party de Noël bien arrosé. Mme Raymond a été congédiée en 2013, sous des motifs d’inconduite, peu de temps après avoir déposé une plainte.

En 2014, elle obtient les excuses du patron des Forces armées canadienne­s de l’époque pour les injustices profession­nelles qu’elle a subies.

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Stéphanie Raymond a quitté les Forces armées canadienne­s et travaille aujourd’hui chez Revenu Québec.

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