Legault – L’humilité d’un gagnant !
François Legault a remporté son pari de mener une coalition de troisième voie au pouvoir et jouit d’une écrasante majorité. Mais son discours lors de l’assermentation historique des élus caquistes n’avait rien de triomphaliste, au contraire.
Le chef de la CAQ aurait pu bomber le torse et profiter de ce moment solennel au salon Rouge pour claironner que son parti transformera le Québec. Se poser en rupture avec le gouvernement libéral et les « vieux partis ». Annoncer de grands chantiers.
Mais même si son parti a mené une campagne sur le thème du changement et qu’il a pleinement les coudées franches, François Legault a joué la carte de l’humilité.
Avec des mots simples, livrés presque de façon débonnaire, le chef caquiste a demandé à ses élus de rester près des préoccupations « du monde », de ne pas oublier qu’ils représentent l’ensemble de leurs concitoyens, pas seulement les caquistes.
Surtout, il a insisté sur le droit à l’erreur. Ayant lui-même admis ses torts après avoir cafouillé en expliquant sa position sur l’immigration pendant la campagne électorale, il estime que les Québécois « ne s’attendent pas à ce qu’on soit parfaits », mais qu’ils s’attendent « à ce qu’on les écoute ».
Le nouveau premier ministre a aussi exprimé ce côté terre à terre lundi en soirée, alors qu’il a tweeté : « Quel beau but de Jonathan Drouin. » Ça rappelle davantage Denis Coderre que Philippe Couillard, disons !
BEAUCOUP D’EAU DANS LE VIN
Sur ses propositions les plus controversées, la CAQ multiplie les messages d’ouverture à la discussion avec les autres partis. À un point tel que cette attitude rassembleuse semble masquer une intention de recul, sur l’implantation des maternelles quatre ans et sur le possible congédiement d’employés de l’état en position d’autorité qui refuseraient de retirer leurs signes religieux, par exemple.
Comme si l’adoption de positions plus consensuelles était plus importante aux yeux de François Legault qu’un véritable chambardement.
La CAQ a encore ses objectifs, mais pour y arriver, elle semble vouloir privilégier l’autobus, pour y faire monter le plus de monde possible, plutôt que le bulldozer !
Néanmoins, le gouvernement Legault va donner un coup de barre à la loi actuelle sur l’encadrement de la consommation du cannabis pour hausser l’âge légal à 21 ans et interdire de fumer un joint dans les lieux publics.
Il est censé interdire assez rapidement le port des signes religieux chez les personnes en autorité, concrétiser certains de ses engagements pour redonner plus d’argent aux contribuables, entreprendre des négociations avec les médecins.
NE PAS BOUSCULER
Dans le discours de François Legault, après les mots gouvernement « plus efficace », venaient tout de suite, « mais aussi plus humain ».
On sent une intention de ne pas bousculer, d’obtenir l’appui des autres partis. Comme si la CAQ formait un gouvernement minoritaire, quoi !
De quoi rappeler le titre du livre écrit à la hâte pour mousser la candidature d’un ami personnel de François Legault à la course à la direction du Parti québécois, Richard Legendre, qui avait bien fait sourire à l’époque : L’humilité d’un gagnant.
Seulement, le chef caquiste ne doit pas oublier que les attentes sont grandes et qu’une large partie de ses électeurs espère de vrais changements…