Comme un parfum d’arrogance
Assermentés hier à l’assemblée nationale, les 10 députés de Québec solidaire ont été accueillis par un tonnerre d’applaudissements digne d’un concert rock. Comme quoi l’euphorie postélectorale des solidaires tient bon.
La veille, fort pourtant d’une victoire majoritaire, le nouveau premier ministre François Legault s’était montré nettement plus humble.
Pour un petit parti comme QS, ses gains, il est vrai, sont substantiels proportionnellement parlant. Entre l’élection de 2014 et celle du 1er octobre, son caucus est passé de 3 à 10 élus. Surtout, il a doublé le nombre de ses électeurs, de 323 124 à 649 503.
CONSTAT
À l’opposé, pour un grand parti ayant déjà gouverné, la chute du PQ est réelle. Ses 1 074 120 votes remportés en 2014 ont fondu à 687 995. Bref, Québec solidaire est en montée. Le PQ est en déclin depuis le dernier référendum.
C’est justement parce qu’ils avaient fait le constat de cette longue glissade du PQ que les solidaires avaient dit non à la « convergence ». Ce faisant, ils ont choisi de favoriser leurs propres intérêts partisans. Un pari qui, pour QS, s’est avéré gagnant.
Pour le mouvement souverainiste déjà chancelant, c’est une tout autre histoire. Divisé entre deux partis adversaires, il n’en sortira que plus faible encore. D’autant plus que QS ne fera aucun cadeau au PQ.
FAISEUR DE PAYS ?
En se refusant hier à prêter publiquement serment à la reine tout en saluant l’arrivée de ses députés qu’elle a pris la peine de décrire comme la « nouvelle génération d’indépendantistes », Manon Massé s’adressait en fait aux péquistes.
Décodé, son message était clair. Pour poursuivre sa progression, sa cible de choix restera le PQ et ses plates-bandes restantes, même si elles sont de plus en plus clairsemées.
Mais attention à la manière. Pour un 4e parti, se présenter comme le nouveau faiseur de pays dégage un désagréable parfum d’arrogance frôlant l’imprudence.