C’est déprimant
Personnellement, je n’ai jamais été contre la légalisation du cannabis. Je ne trouve pas ça intelligent de judiciariser un comportement largement répandu et plutôt bénin pour la plupart des gens qui le pratiquent.
En même temps, je n’ai jamais compris que certains en fassent une priorité. Quand je militais en politique et que je faisais des kiosques dans les cégeps et les universités, immanquablement, j’avais un ou deux drôles pour venir me dire : « Si tu légalises le weed, m’a voter pour toé, dude… »
J’ai toujours eu un peu pitié de ces gens pour qui le droit de s’allumer pourrait déterminer leur allégeance politique. Il y a des enjeux plus urgents que ça, non ? Justin Trudeau n’est peut-être pas d’accord, on dirait…
Plusieurs préfèrent l’alcool, une autre substance dont la consommation est régie par plein de règles inspirées de la prohibition qui n’ont plus leurs raisons d’être. Pourquoi des gens qui boivent une bouteille de blanc dans un parc se font-ils écoeurer ? Pourquoi ne pourrait-on pas acheter de la bière chez Couche-tard après 23 h ?
Mais ça ne changera probablement pas, parce que personne ne trouve ça assez important pour en faire une priorité politique.
SPECTACLE AFFLIGEANT
Pour le cannabis toutefois, ça semble différent. À lire ce qui se raconte sur les forums de discussion et dans les commentaires sous les articles, on se rend compte qu’il y a une véritable frange d’activistes du droit à la cocotte ; qui se passionnent pour les nuances fines entre les effets respectifs des plants de variété Sativa, Indica ou hybride qui seront vendus à la SQDC ; qui crieront « PROHIBITIONNISTES ! » à quiconque viendra suggérer un certain encadrement à ce qu’ils considèrent comme une des libertés humaines les plus élémentaires. À chacun ses combats, j’imagine...
Tout cela est bien déprimant. Ça me revenait en tête alors que je me suis rendu dans le stationnement d’une succursale de la SQDC ouverte hier.
Quel spectacle affligeant. Une majorité de jeunes hommes, casquettes ou capuchons sur la tête, plusieurs avec les dents gâtées, qui attendent pendant des heures et sur plusieurs centaines de pieds au froid, au vent et à la pluie tout en se moquant des passants et en faisant des doigts d’honneur aux curieux. C’est une manière comme une autre de souligner une journée « historique ».
« Ce n’est pas pire que ceux qui ont fait la file pour l’ouverture du IKEA de Québec », me répondra-t-on. Bien oui, ce n’est pas pire, mais s’il y a une chose dont je suis certain, c’est que ce n’est vraiment pas mieux !
En plus, à Sainte-foy, il y en a qui se sont battus pour garder leur place dans la file. Depuis le temps que les militants de la légalisation nous disent que les amis de Marie-jeanne sont plus pacifistes que ceux qui fréquentent la dive bouteille…
STIGMATES SOCIAUX
Bref, on a légalisé, c’est fait. Ceux qui veulent fumer pourront le faire en paix. Et on pourra enfin parler d’autres choses. Fort bien.
Cela dit, ce serait peut-être le temps que certains se trouvent d’autres passions, parce que la lutte pour faire disparaître les stigmates sociaux qui affectent les consommateurs, elle a reculé davantage qu’elle n’a avancé, hier.