Laïcité non neutre
Ainsi, portés par leur élan vainqueur et gorgés de confiance, François Legault et la CAQ pensent régler une fois pour toutes la question de la laïcité au Québec sans avoir à rouvrir les débats qui perdurent depuis le rapport Bouchard-taylor.
Il va de soi pour eux et leurs sympathisants que l’interdiction du port de signes religieux est la meilleure façon d’assurer la neutralité de l’état et de ses employés occupant une position d’autorité. On ne peut donc plus dire ni croire, pour ce contexte particulier, que les « apparences sont trompeuses » ou que « l’habit ne fait pas le moine ».
Il s’agit paradoxalement de croire que la personne qui n’affiche pas sa croyance religieuse mérite davantage notre confiance dans sa capacité d’être neutre lorsqu’elle applique et fait respecter les codes, règlements et lois des institutions civiles que celle qui la laisse transparaître.
Comme si d’afficher son appartenance religieuse était nécessairement un signe d’incompétence à être neutre dans l’exercice de sa fonction d’autorité ou, à l’inverse, le fait de porter un uniforme conforme neutralisait les effets de la croyance.
Et dire qu’en général on valorise la transparence comme remède à l’hypocrisie. Et justement, parlant d’hypocrisie, il me semble que le gouvernement Legault pourrait mieux démontrer sa volonté de neutralité en commençant par retirer le crucifix qui trône au-dessus de la tête du président de l’assemblée nationale.
Qui plus est, en exprimant clairement son intention d’interdire tous les signes religieux, incluant ceux de la religion catholique, dans les institutions publiques de l’état, il aiderait peut-être les musulmans pratiquant l’islam à se sentir moins visés.