Le Journal de Quebec

LE « RAPKEB » séduit les Français

L’accent québécois ne rebute plus les Européens, qui applaudiss­ent les rappeurs d’ici

- RAPHAËL GENDRON-MARTIN

Loud, Alaclair Ensemble, Dead Obies, Lary Kidd, Rymz, Fouki. Les rappeurs québécois sont plus nombreux que jamais à essayer de percer le difficile marché français. Et alors que l’accent québécois pouvait jusqu’ici être un obstacle au succès, voilà qu’il leur ouvre maintenant les portes.

Hier, à la réputée salle Folie Pigalle, dans Montmartre, quatre rappeurs québécois ont participé à la soirée Montréal arrive, on met l’accent !. Fouki, Rymz, Obia le chef et Lary Kidd étaient invités à ce concert, qui fait partie de l’événement Ma Cabane à Paname, organisé depuis cinq ans à Paris dans le cadre du Festival MAMA.

Alors que les éditions précédente­s ont proposé des artistes comme Safia Nolin, les Hay Babies et Alex Nevsky, c’est la première fois qu’une soirée entièremen­t consacrée au rap québécois est offerte.

« La France a toujours été super hermétique au niveau de sa culture urbaine, dit Rafael Perez, qui s’occupe notamment des carrières de Loud, Rymz et Lary Kidd, via les compagnies Coyote Records et Joyride Records. Mais au cours des dernières années, on a vécu une certaine démocratis­ation du rap. Il y a une plus grande ouverture. »

LA POÉSIE DE L’ACCENT QUÉBÉCOIS

Cette ouverture se traduit principale­ment du côté de l’accent québécois, qui a longuement rebuté les mélomanes outremer. Pour le journalist­e français spécialisé en rap Jean Morel, l’accent québécois « a quelque chose de poétique ». « Il y a un “flow” et une manière d’écrire différente dans le rap québécois qui le distingue. »

« L’accent québécois dérangeait encore les Français il y a un an, et là, ça ne les dérange plus, observe Rafael Perez. C’est la mode. Et ça nous arrange. J’ai l’impression que les jeunes Français, via l’internet, ont plus envie d’aller voir ailleurs. Et s’ils ne comprennen­t pas les paroles, ils font un effort. C’est comme nous, au Québec, quand le rap français de Fonky Family et IAM est arrivé dans les années 1990. On ne comprenait pas tout. Mais on était curieux. »

LES BELGES ET LOUD

Selon Steve Jolin, président fondateur de 7ième Ciel Records, qui s’occupe notamment d’alaclair Ensemble, Fouki et Koriass, c’est le rap belge qui a récemment « ouvert le chemin » en France. « Ç’a permis un peu à tout le monde de voir que ça se peut [avoir du succès en France]. »

De son côté, malgré le récent engouement envers le hip-hop québécois, le rappeur Lary Kidd reste bien lucide quant à ses chances de succès en France.

« J’ose croire qu’il y a une place pour moi sur le marché français, mais je ne crois pas que j’ai encore la musique qu’il faut pour ça. Ça prend un hit qui les rejoint. Je vais bientôt travailler sur mon prochain album et j’aurai très certaineme­nt ça en tête. »

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