Une brochette impressionnante
C’était la force numéro un de la CAQ dans la dernière campagne : l’équipe. Aidés par plusieurs mois de sondages favorables, François Legault et son équipe de recrutement ont réuni une brochette impressionnante d’hommes et de femmes prêts à servir. Avec 74 de ceux-ci élus, le nouveau premier ministre avait l’embarras du choix pour former son Conseil des ministres.
Quelques nominations attirent l’attention : l’économique est impressionnante. Danielle Mccann à la Santé envoie un message rassurant à un réseau qui s’est fait brasser sous Gaétan Barrette. Jean-françois Roberge à l’éducation envoie le signal d’une priorité donnée à l’élève.
Les responsabilités énormes accordées à Simon Jolin-barrette et Geneviève Guilbeault sont une marque forte de confiance aux jeunes élus. Un bon message pour un parti qui veut incarner le changement.
DU TALENT EN SURPLUS
En langage de hockey, on dirait que le chef de la CAQ a aussi dû laisser du talent sur le banc. Dans certaines régions comme Québec, la Montérégie ou les Laurentides, plusieurs candidats potentiellement ministrables se retrouvaient dans des circonscriptions voisines. Il a fallu choisir et faire des déçus.
Il y a un aspect positif à la chose, comme dans une équipe de hockey avec beaucoup de talent. Lorsque de très bons joueurs ne sont pas en uniforme, ceux qui ont la chance de jouer savent parfaitement que s’ils fournissent un demi-effort, ils seront vite remplacés. Les ministres de la CAQ nommés hier vivent avec cette pression.
Si l’un d’eux s’assoit sur ses lauriers, s’enfle la tête ou fait le zouave, le patron Legault aura le loisir de faire des remplacements dans le cadre d’un remaniement. Cette pression est saine et donne au premier ministre les leviers nécessaires pour être exigeant à l’endroit de son équipe ministérielle pour livrer des résultats. C’est ce que le public attend d’une nouvelle équipe.
Par contre, les députés talentueux qui n’ont pas été nommés ministres ne doivent pas se contenter d’être en attente qu’un collègue trébuche pour prendre sa place. Des gens qui ont connu des défis professionnels stimulants dans leur carrière voudront jouer un rôle actif. Il faudra leur trouver des défis, par exemple les faire travailler sur des mandats spéciaux.
Pour garder son équipe en santé, le chef doit s’assurer de ne pas installer une démotivation généralisée dans la députation. Des gens démotivés finiront par empoisonner l’atmosphère.
En pigeant dans une équipe de candidats élus de qualité, François Legault a formé un Conseil des ministres a priori solide.
LIVRER LE CHANGEMENT
Le défi maintenant consiste à remplir ses engagements avec fermeté, mais sans passer pour des matamores. Une main de fer dans un gant de velours. Savoir être un gouvernement qui écoute sans devenir un gouvernement qui virevolte au vent des lobbys.
Avancer comme un tracteur de ferme qui accomplit son boulot sans avoir l’air d’un bulldozer qui écrase tout sur son passage. Je prends plusieurs images parce que la ligne est mince entre détermination et arrogance. C’est la capacité d’un gouvernement de naviguer dans ce fragile équilibre qui oui permettra d’opérer avec succès des changements significatifs.