Le Journal de Quebec

Un Werther plein d’émotions

Antoine Bélanger adore l’opéra de Massenet ANTOINE BÉLANGER

- YVES LECLERC

Antoine Bélanger vivra de grandes émotions. En plus d’interpréte­r pour la première fois l’exigeant rôle-titre de l’opéra Werther, le ténor québécois aura quelques pensées pour sa professeur­e de chant décédée le 1er octobre dernier.

« Werther, c’était l’opéra préféré de ma professeur­e Gabrielle Lavigne avec qui je travaillai­s depuis 16 ans. Des étoiles s’allumaient dans ses yeux chaque fois qu’elle me parlait de cet opéra. Elle en parlait avec tellement de bonheur », a-t-il laissé tomber, lors d’un entretien.

Antoine Bélanger se glissera, pour la première fois, dans la peau du poète Werther, dans l’opéra de Jules Massenet, présenté les 20, 23, 25 et 27 octobre au Grand Théâtre de Québec.

Le ténor indique que sa professeur­e, décédée à l’âge de 78 ans, savait qu’il chanterait dans cette production de l’opéra de Québec.

« J’aurais aimé pouvoir travailler ce rôle avec elle, mais ce n’était pas possible. Elle était déjà très malade à ce moment. L’essence de ce qu’elle m’a appris sera là. C’est en raison de ses enseigneme­nts que je suis ici aujourd’hui. On a beau avoir un certain talent, mais il faut qu’il soit dirigé », a-t-il mentionné, conscient qu’il était pour vivre de grandes émotions.

Antoine Bélanger adore cet opéra du compositeu­r français, créé à Vienne en 1892 et qui s’inspire du romantisme allemand. Il s’agit même de son préféré de Massenet.

HISTOIRE D’AMOUR

L’opéra raconte l’histoire d’amour impossible entre le jeune poète Werther et Charlotte, une jeune femme promise à Albert, un attaché d’ambassade.

Elle aime Werther, mais elle ne veut pas manquer à la promesse faite à sa mère sur son lit de mort. Werther exprime sa douleur et son amertume et mettra fin à ses jours.

Ce rôle, précise le chanteur originaire de Québec, est l’un des plus difficiles du répertoire lyrique français.

« C’est un gros bateau, mais un beau bateau. Il y a souvent, dans un rôle de ténor, dans un opéra, un air majeur et quelques duos, mais il y a quatre airs majeurs et plusieurs duos dans celui-ci. C’est dans les plus grands rôles que j’ai faits. J’ai hâte et je suis excité », a-t-il affirmé.

Un rôle exigeant qui exige une maturité vocale, de vie et de carrière.

« C’est un personnage qui a besoin d’une intensité de jeu très forte. Ça demande beaucoup de gestion et une certaine endurance pour passer au travers. Ce n’est pas quelque chose que l’on peut faire en début de carrière. Quelqu’un qui débuterait avec ça serait un idiot », a-t-il lancé, lors d’un entretien dans un café de la rue Cartier.

« NÉ POUR SOUFFRIR »

Werther, précise-t-il, est un être qui se complaît dans la souffrance. Une souffrance qui n’est jamais assez grande pour lui.

« Il est un amoureux de l’amour et de ce qui est beau. Il aime les sensations et les émotions. Il a une image de ce que doit être l’amour et de ce qu’aurait dû être son amour avec Charlotte. Il sait que cet amour est impossible. Il a des occasions de se retirer, mais il ne le fait pas. Il souffre, il rumine ça, nourrit la chose et en remet. Il est né pour souffrir », a indiqué le ténor.

La mezzo-soprano Julie Boulianne, qui sera dans la peau de Charlotte, est une amie d’antoine Bélanger. Ils se sont connus au moment où ils venaient d’entrer au cégep et qu’ils avaient des rêves lointains de devenir un jour chanteurs.

« J’ai été en couple avec sa cousine. On se connaît depuis 20 ans et c’est la première fois que l’on va jouer ensemble. On a déjà fait partie de Roméo et Juliette, mais il n’y avait pas d’interactio­n. On va avoir du fun », a-t-il dit.

Werther est présenté samedi à 19 h et les 23, 25 et 27 octobre, à 20 h, au Grand Théâtre de Québec, en version française et avec des surtitres français.

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