Le Journal de Quebec

La peine de Bissonnett­e reportée à la fin janvier

Le juge veut entendre les avocats sur des points de droit en novembre

- SOPHIE CÔTÉ

Le prononcé de la peine d’alexandre Bissonnett­e est bel et bien reporté à janvier. La cause du meurtrier de la grande mosquée de Québec reviendra devant le tribunal le 21 novembre afin que les parties répondent à deux questions de droit sur les peines consécutiv­es, pour aider le juge dans sa réflexion.

Le juge François Huot a indiqué aux parties hier qu’il avait pour objectif de prononcer la peine à la fin du mois de janvier.

« Le processus décisionne­l est un peu plus long que ce que j’avais anticipé », a-t-il dit en faisant allusion à la documentat­ion « titanesque » qu’il doit éplucher, dans ce dossier très « complexe ».

« Je n’aurais pas été [à l’aise] avec la perspectiv­e de rendre une sentence le 29 octobre [la date qui avait été fixée] sans obtenir des informatio­ns supplément­aires », a expliqué le juge à Bissonnett­e, qui se tenait dans le box des accusés, blême et les traits creusés.

DISPOSITIO­N DISCRIMINA­TOIRE ?

Le magistrat veut d’abord être éclairé par les parties sur le possible caractère discrimina­toire, par rapport à l’âge d’un accusé, de la dispositio­n du Code criminel qui permet le cumul des peines selon le nombre de victimes, dans les cas de meurtres multiples.

La défense a plaidé, en juin, que toute peine d’emprisonne­ment à perpétuité supérieure à 25 ans sans possibilit­é de libération conditionn­elle irait à l’encontre des droits de l’accusé.

Puisque Bissonnett­e avait 27 ans au moment du carnage, si le juge tranchait en faveur des peines cumulative­s, l’accusé n’aurait aucun espoir d’être un jour libéré, avait-elle soulevé.

« Je comprends que si M. Bissonnett­e avait été âgé de 19 ou 20 ans au moment des événements, vous n’auriez pas pu soutenir ce point, eu égard aux faits qu’après une période minimale de 50 ans, il aurait été âgé autour de 70 ans », a soumis le juge.

À la lumière de ce constat, le juge veut savoir si la dispositio­n pour le cumul des peines a un effet discrimina­toire par rapport à l’âge, contrevena­nt à la Charte canadienne des droits et libertés.

DOUTES SUR LES BLOCS DE 25 ANS

Le juge Huot veut aussi que les parties plaident devant lui concernant les règles d’interpréta­tion de la dispositio­n du Code criminel qui prévoit un cumul par bloc de 25 ans. Il a souligné qu’il avait « de sérieux doutes » que l’addition ne pouvait se faire autrement que par des blocs de 25.

Pour le fils d’une des victimes, Amir Belkacemi, ce report « n’est pas l’idéal », « mais on se rend à l’évidence que ce n’est que pour le mieux ».

« On s’attend à un jugement qui soit sans précédent. C’est tout à fait légitime, pour le juge, de vouloir prendre toutes les mesures nécessaire­s pour avoir l’entièreté du portrait devant lui », a-t-il mentionné.

 ?? PHOTO D’ARCHIVES ?? Vêtu d’une combinaiso­n blanche, Alexandre Bissonnett­e avait été formelleme­nt accusé du meurtre de six personnes le 30 janvier 2017, au palais de justice de Québec.
PHOTO D’ARCHIVES Vêtu d’une combinaiso­n blanche, Alexandre Bissonnett­e avait été formelleme­nt accusé du meurtre de six personnes le 30 janvier 2017, au palais de justice de Québec.

Newspapers in French

Newspapers from Canada