Le Journal de Quebec

C’est un message « décevant » qui est envoyé aux victimes

Dénoncer Bertrand Charest a toutefois fait bouger les choses selon plusieurs

- MICHAËL NGUYEN

Le fait que la Couronne concède de laisser tomber des accusation­s de crimes sexuels contre l’ancien entraîneur de ski alpin Bertrand Charest envoie un triste message aux victimes, croit un organisme venant en aide à celles-ci.

« Ce n’est pas très encouragea­nt pour les victimes, affirme la porte-parole du Regroupeme­nt québécois des centres d’aide et de lutte contre les agressions à caractère sexuel (RQCALACS), Stéphanie Tremblay. Ça permet de comprendre pourquoi beaucoup de survivante­s ne vont pas porter plainte. »

La représenta­nte du RQCALACS réagissait aux concession­s faites en appel par la Couronne dans le dossier de Bertrand Charest.

Charest, 53 ans, est un ex- coach de ski alpin reconnu coupable d’abus sexuels sur neuf athlètes adolescent­es dont il avait la responsabi­lité, dans les années 1990.

Lors de voyages d’équipe, il avait utilisé son ascendant sur elles pour commettre ses crimes, qui sont restés sous silence pendant plus d’une décennie.

Au terme de son procès, il avait été reconnu coupable de 37 accusation­s et condamné à 12 ans de pénitencie­r. Ses avocats Louis Belleau et Antonio Cabral ont porté le verdict en appel en réclamant soit l’acquitteme­nt, soit un nouveau procès, notamment parce que leur client affirme ne pas être un prédateur sexuel comme l’avait décrit le juge.

C’est la Cour d’appel qui aura ultimement le dernier mot sur le sort de Charest.

SITUATION « DÉCEVANTE »

Mais si la Couronne soutient que 17 accusation­s doivent être maintenues, elle concède que le verdict devrait être renversé sur les autres chefs.

« La situation est décevante », affirme Mme Tremblay.

Cette dernière rappelle que, déjà, la majorité des victimes de crimes sexuels n’osent pas dénoncer et encore moins quand elles voient le chemin à parcourir.

« À chacune de ces situations, beaucoup de survivante­s revivent [les crimes qu’elles ont vécus], explique Mme Trem- blay. Mais chaque personne vit les choses différemme­nt. Il y en a qui se disent que, malgré tout, ça va en encourager d’autres à dénoncer. »

FAIRE BOUGER LES CHOSES

Point positif : même si la Cour d’appel accueille toutes les conclusion­s recommandé­es par la Couronne, le nombre de victimes ne changera pas.

« Il y a eu beaucoup d’appuis envers les survivante­s, ajoutet-elle. Et des organisati­ons sportives ont remis en question leurs procédures, afin d’assurer la sécurité des jeunes. Ça reste que c’est dommage, parce que le verdict initial a eu beaucoup d’impact. »

L’ex-skieur olympique Jean-luc Brassard abonde dans le même sens en soulignant que grâce aux victimes, les choses ont changé.

« L’aspect judiciaire ne change rien sur le mal qu’a fait Bertrand Charest, dit le médaillé olympique. Les filles qui ont dénoncé ont fait bouger les choses, elles ont accompli ce que peu de gens feraient. Il faut leur dire merci. »

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PHOTO D’ARCHIVES, COURTOISIE DE LA COUR L’ex- coach de ski Bertrand Charest, qui a été interrogé par les policiers de Mont-tremblant en mars 2015, a de fortes chances de voir plusieurs accusation­s de nature sexuelle sur des athlètes mineures tomber en Cour d’appel.
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STÉPHANIE TREMBLAY Porte-parole

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