Le Journal de Quebec

Les hauts et les bas des voitures anciennes

- JACQUES jacques.duval@quebecorme­dia.com

Les prix alloués à certaines voitures anciennes en ont surpris plus d’un lors de l’encan annuel de voitures de collection de Saratoga Springs dans l’état de New York, auquel j’ai récemment assisté.

L’événement s’est également signalé par des fluctuatio­ns tout à fait inhabituel­les des prix comme ces 175 000 $ exigés pour un Humvee, finalement vendu à 55 000 $, et des Ford Mustang de la première génération avec un prix plancher d’environ 8000 $, une aubaine considéran­t le rôle qu’a joué ce modèle dans l’histoire de l’automobile. Ce qui démontre que le marché de la voiture ancienne est quelquefoi­s en proie à des fluctuatio­ns aussi inattendue­s que celles des marchés boursiers. On y gagne ou on y perd selon l’humeur du moment.

Pour une pièce rare qui atteint les 40 millions de dollars, les chiffres de la réalité sont souvent décevants. Sans compter que les sommes prétendume­nt payées pour une très rare Ferrari peuvent se désagréger aussi vite que la chronique financière du lendemain. Bizarremen­t, si l’on festoie sur les montants pharaoniqu­es du jour, jamais il ne se dit un mot des déboires du jour d’après.

DESTINATIO­N WEEK-END

Soit dit en passant, les prix de la fin de semaine auraient permis à un néophyte bien conseillé de s’offrir un musée intéressan­t avec des voitures à des prix raisonnabl­es sans faire éclater son compte en banque. Il est cependant difficile de prévoir quand se produira cette fébrilité du marché.

À propos, le village où l’encan s’est déroulé, Saratoga Springs, est absolument ravissant. C’est sans doute l’un des plus beaux en Amérique. Il est parsemé de petits hôtels charmants et de restaurant­s sympathiqu­es.

L’endroit compte aussi une foule de musées, dont celui consacré aux courses de chevaux. Et le plus beau de l’histoire est que Saratoga Springs n’est qu’à environ trois heures de Montréal en voiture, ce qui en fait une destinatio­n idéale pour un week-end. Durant la saison estivale, un magnifique amphithéât­re de 3000 places accueille l’orchestre symphoniqu­e de New York. Mais voilà que je transforme cet article sur Saratoga en un hommage à sa vocation artistique, alors que l’auto y occupe une place prépondéra­nte avec un musée de belle tenue.

DES HAUTS ET DES BAS

L’encan de la semaine dernière a démontré que l’emballemen­t des prix connaît un recul notable depuis quelques mois, particuliè­rement chez les voitures de classe moyenne, souvent les plus recherchée­s. Mais la plus belle preuve de ce déclin du marché de l’auto ancienne réside dans les prix payés pour des modèles qui se vendent habituelle­ment 3 à 4 fois plus cher. Ainsi, on a pu assister à la vente de plusieurs modèles des années 70 que les spécialist­es du marché considérai­ent comme des aubaines.

UNE COURTE LISTE SE LIT COMME SUIT :

√ Une Ford Mustang 1965

décapotabl­e allouée à 5525 $ √ Une Dodge Commander 1963

listée à 22 000 $ √ Une Ford Thunderbir­d 1958

vendue 4950 $ √ Une Mercedes-benz S 450 S 1977

à 7425 $ √ Une Buick Centurion

laissée à 73 650 $ √ Une Ford T-bird 1958 vendue pour 4950 $ Quelques européenne­s ont aussi changé de camp, dont une Volvo 144 et une Austin-healey.

L’américaine la plus désirable fut incontesta­blement cette superbe Buick Riviera 1977, qui s’est envolée pour 6500 $, un vol aux yeux des quelques centaines de spécialist­es sur place. Il n’en reste pas moins que l’encan de Saratoga a généré des ventes totales de plus de 6 millions de dollars. « Ce n’est pas un record absolu, mais la somme amassée nous permettra de soutenir les diverses oeuvres de charité qui comptent sur nous », a commenté Bob Bailey, le directeur du musée de voitures d’époque.

PRUDENCE

Cela dit, la récession qui frappe le marché de la voiture ancienne n’est pas catastroph­ique, malgré le ralentisse­ment que l’on a pu observer à Saratoga.

Par exemple, ma propre Alfa Romeo Sprint vendue 40 000 $ il y a 6 ans commande aujourd’hui 89 990 $, selon les petites annonces de la revue mensuelle de la voiture ancienne.

Mais toutes les transactio­ns ne sont pas aussi roses, selon Richard Petit, propriétai­re d’une trentaine de voitures anciennes, dont quelques Ferrari et des Porsche. Ce spécialist­e recommande la prudence en traitant avec les riches Américains qui hantent le marché.

« Avant d’investir dans l’automobile de collection, il faut calculer ce qu’il vous en coûtera pour entretenir la voiture et la conserver dans un endroit sûr, ce qui pourrait rogner le profit réalisé à la vente.

Il cite comme exemple le cas de nombreux acheteurs qui se sont fait attraper par des prix alléchants pour se rendre compte que les frais d’entretien, d’entreposag­e, d’assurance, de paperasse gouverneme­ntale et de transport auront rogné tout espoir de profit.

En conclusion, les voitures anciennes regroupent de plus en plus d’adeptes qui appartienn­ent le plus souvent à des clubs sociaux, dont les principale­s activités gravitent autour de la marque de leur voiture. C’est ce dernier aspect qui peut s’avérer très lucratif ou très risqué, selon un nombre de facteurs qu’il vaut mieux connaître avant de s’y aventurer.

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Ce qui démontre que le marché de la voiture ancienne est quelquefoi­s en proie à des fluctuatio­ns aussi inattendue­s que celles des marchés boursiers
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