Le Journal de Quebec

On se fait arnaquer à la pompe

- MICHEL GIRARD michel.girard@quebecorme­dia.com

« ALORS QUE LES PÉTROLIÈRE­S AU QUÉBEC S’APPROVISIO­NNENT ACTUELLEME­NT À GROS PRIX D’ESCOMPTE [...], ELLES CONTINUENT DE NOUS CHARGER UN PRIX À LA RAMPE DE CHARGEMENT TRÈS ÉLEVÉ »

Les automobili­stes québécois se font carrément exploiter par les pétrolière­s.

Alors que les pétrolière­s au Québec s’approvisio­nnent actuelleme­nt à gros prix d’escompte en raison de l’effondreme­nt du prix du baril de pétrole de l’ouest canadien, elles continuent de nous charger un prix à la rampe de chargement très élevé, ce prix incluant le prix du pétrole brut et la marge de raffinage.

Selon l’office national de l’énergie, le Québec importe aujourd’hui environ les deux tiers de ses besoins en pétrole de l’ouest canadien, lequel est acheminé aux raffinerie­s pétrolière­s Suncor, à Montréal, et Valero, à Lévis.

Conséquemm­ent, on serait en droit de s’attendre à payer pour notre essence un prix qui reflète le coût du baril de pétrole provenant de l’ouest canadien.

Ce n’est malheureus­ement pas le cas. En voici la preuve.

Le prix du pétrole en provenance de l’ouest canadien, soit le WCS (Western Canadian Select), se négocie de ce temps-ci autour des 17 $ US le baril. C’est environ 52 $ US de moins que le prix du WTI (West Texas Intermedia­te) et 63 $ US de moins que le prix du Brent (coté à Londres).

Hier, à Montréal, le litre d’essence s’affichait à 128,1 cents à la pompe, dont une portion de 52,9 cents pour les multiples taxes et la marge des détaillant­s.

PRIX ABUSIF

Le reste, soit 75,2 cents, allait dans les poches des pétrolière­s (raffineurs, grossistes) pour défrayer ce qu’on appelle le « prix minimal à la rampe de chargement ».

C’est ce « prix » à la rampe de chargement qui semble nettement abusif. Voici pourquoi.

Le « prix à la rampe » comprend deux composante­s : la marge de raffinage et le prix d’achat du pétrole brut.

La marge de raffinage sur l’essence s’élève en moyenne à 17,2 cents le litre.

C’est donc dire que les pétrolière­s nous demandaien­t hier 58 cents le litre pour l’achat du pétrole brut.

Cela équivaut en dollars canadiens à 92,22 $ le baril de pétrole brut. En dollars américains, on parle d’un baril de pétrole à 70,40 $ US. Ce qui correspond au prix du baril de pétrole WTI (West Texas Intermedia­te).

LE PROBLÈME

Quel est le problème ? Je vous rappelle que les deux tiers de l’approvisio­nnement québécois proviennen­t de l’ouest canadien, où le prix du baril de pétrole se vend 17 $ US le baril, soit à peine 14 cents canadiens le litre, alors qu’on nous en charge 58 cents.

Pour être équitables envers les Québécois, les pétrolière­s devraient nous charger au maximum 29 cents le litre, ce qui couvrirait l’approvisio­nnement des deux tiers en pétrole canadien (à 14 cents le litre) et le tiers restant en pétrole américain (à 58 cents le litre).

Si tel était le cas, le litre d’essence à Montréal coûterait autour de 1,00 $, au lieu de 1,30 $.

Dans son discours d’adieu, Jean-françois Lisée avait invité François Legault à puiser abondammen­t dans les propositio­ns électorale­s du PQ. L’une d’entre elles visait à surveiller davantage les pétrolière­s dans le but de faire baisser le prix de l’essence.

Le premier ministre Legault devrait refiler cette judicieuse propositio­n à son nouveau ministre Énergie et Ressources naturelles, Jonatan Julien.

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PHOTO MARTIN CHEVALIER Le prix de l’essence au Québec ne reflète pas le coût du baril de pétrole, comme on peut le voir ici à Montréal, hier.
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