Le Journal de Quebec

La vie de paramédics chamboulée à cause de feux de circulatio­n

Ils ne peuvent plus rallier la caserne de Gaspé en moins de cinq minutes

- STÉPHANIE GENDRON

GASPÉ | Des paramédics de Gaspé devront soit déménager ou changer d’horaire de travail en raison de nouveaux feux de circulatio­n qui ont été installés entre leur domicile et la caserne.

Jacques Aucoin, Simon Noël et Richard Lapierre ne sont plus en mesure d’aller à la caserne en moins de cinq minutes à partir de leur domicile, comme avant, en raison de nouveaux feux de circulatio­n, mais aussi de la réduction d’une limite de vitesse de 80 km/h à 50 km/h.

Leur compagnie leur a demandé au printemps 2016 de déménager pour se rapprocher de la caserne ou de changer d’horaire de travail pour être à l’heure. Ils auraient aussi pu habiter une autre adresse plus proche de la caserne, par exemple chez de la famille, durant leurs sept jours de garde sur 14. Ils ont contesté cette demande de leur employeur.

GRIEFS REJETÉS

Le 4 octobre dernier, leurs griefs ont été rejetés par le tribunal d’arbitrage. Ils devront trouver un moyen de se rendre à leur caserne en cinq minutes, ou travailler à l’heure plutôt qu’en faction.

Les trois paramédics avaient acheté par le passé leur maison à cinq minutes de la caserne, une exigence de leur convention collective pour travailler sur des horaires qui leur permettent de se trouver à la maison lorsqu’ils reçoivent les appels. C’était avant les changement­s sur leurs parcours.

Jacques Aucoin a finalement pris sa retraite plus tôt que prévu en raison d’une blessure, à l’automne 2016. Toutefois, comme ses collègues, il aurait tenu à conserver son horaire de faction. Dans son cas, c’était pour prendre soin de sa conjointe.

« Ma conjointe a des problèmes de santé. Si je travaillai­s à l’heure, je ferais 12 heures et je n’aurais personne pour lui donner un coup de main. J’aurais aimé être à l’heure, mais la condition de ma conjointe va passer avant tout », a dit M. Aucoin.

SÉCURITÉ

Le directeur des opérations de Services ambulancie­rs Porlier, Pierre-luc Dumont, croit qu’il s’agit d’une question de sécurité.

« Ces paramédics-là n’étaient plus en mesure de respecter le délai maximal de temps de déplacemen­t prévu. C’est la population qui en aurait souffert [si on leur laissait accès aux horaires de faction]. C’est toujours un risque à mon avis d’aller prendre une résidence à la limite du cinq minutes. À la moindre modificati­on, on peut être exposé », a dit Pierre-luc Dumont.

Des tests de temps ont été faits avec une boîte noire, dans une ambulance, de leurs résidences à la caserne. Les temps variaient de 4 min 50 s à 7 min 11 s. À bord de leur véhicule personnel, ils doivent suivre le code de la sécurité routière.

Depuis cette décision qu’ils ont contestée, Jacques Aucoin a pris sa retraite et les deux autres ont accepté de travailler à l’heure.

La Fraternité des paramédics du Grand Gaspé a refusé de commenter, car les services juridiques étudient la décision. Nous n’avons donc pas pu parler aux deux paramédics encore actifs.

 ?? PHOTO COURTOISIE ?? Jacques Aucoin, paramédic photograph­ié devant sa maison de Gaspé, peu avant sa retraite qu’il a prise plus tôt que prévu en raison d’une blessure, à l’automne 2016. Il fait partie des trois paramédics qui ont vu leurs griefs être rejetés au tribunal d’arbitrage.
PHOTO COURTOISIE Jacques Aucoin, paramédic photograph­ié devant sa maison de Gaspé, peu avant sa retraite qu’il a prise plus tôt que prévu en raison d’une blessure, à l’automne 2016. Il fait partie des trois paramédics qui ont vu leurs griefs être rejetés au tribunal d’arbitrage.

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