Le Journal de Quebec

Un défi immense

Neuf mois de travail pour maîtriser le texte de la pièce The Dragonfly of Chicoutimi

- YVES LECLERC

Jack Robitaille a énormément hésité avant de se lancer dans l’aventure de la pièce The Dragonfly of Chicoutimi. Le texte est en anglais, et le comédien n’avait jamais joué dans la langue de Shakespear­e.

« J’ai bûché énormément. C’était un défi beaucoup plus difficile que d’apprendre un texte dans sa propre langue », a-t-il laissé tomber, lors d’un entretien.

À l’affiche à La Bordée, à partir du 30 octobre, The Dragonfly of Chicoutimi est totalement en anglais. Un anglais facile à comprendre, précise le comédien.

« C’est comme de l’anglais dit en français. C’est un anglais bâti avec des structures de phrases françaises, avec des accents et des structures de phrases imparfaite­s. C’est fait pour être joué par un acteur francophon­e, et ce n’est pas quelque chose qui est fait pour être présenté à Toronto et devant un public anglophone », a-t-il fait remarquer.

The Dragonfly of Chicoutimi, explique Jack Robitaille, représente, pour le spectateur, un défi semblable à une pièce de Molière, où l’on retrouve un français différent et d’une autre époque.

La pièce, poursuit-il, raconte l’histoire de Gaston Talbot.

« Comment se fait-il qu’un gars dont le nom est Gaston Talbot, qui habite à Chicoutimi, qui n’est pas riche, parle anglais ? La pièce va nous dire pourquoi », a-t-il mentionné.

Cet homme, précise-t-il, raconte son histoire. Une histoire parsemée de mensonges.

« Il affirme des choses et dit autre chose par la suite. C’est un homme qui ne se trouve pas intéressan­t, individuel­lement et socialemen­t, et qui se donne un genre et une identité de vainqueur. C’est un gars qui s’affiche avec le contraire de ce qu’il est. Il est un gagnant parce qu’il parle une langue de winner. Il fait ça pour s’affirmer », a fait remarquer le comédien.

Jack Robitaille travaille sur ce texte depuis janvier 2018. Il a commencé par apprivoise­r et apprendre son texte dans le silence. Le comédien connaissai­t l’existence de cette pièce de Larry Tremblay, mais il ne l’avait pas lue et n’avait vu aucune des versions déjà montées.

LE CHOC

Trois mois plus tard, il a eu un choc, lors d’une première lecture à haute voix.

« Ce fut un désastre. Ça ne sortait pas. J’essayais de le livrer à la perfection, comme si j’étais un anglophone. Je ne réussissai­s pas », a-t-il fait savoir.

Il raconte que les choses ont commencé à se placer lorsqu’il s’est mis à mémoriser son texte à haute voix, en allant faire des marches dans le secteur de la rivière Beauport.

« Avec les gens qui parlent dans les fils d’écouteurs de leur téléphone cellulaire, en marchant, je n’avais pas trop l’air étrange. Je baissais un peu le ton, lorsque je croisais des gens et ce n’était pas si pire. Ça m’a permis de donner de l’énergie et du rythme au texte. Il s’est mis en mouvement dans ma bouche et dans mon corps. Ce fut énormément de travail et extrêmemen­t ardu, mais à un moment donné, il y a eu comme une période de libération », a-t-il dit.

Neuf mois de travail ont été nécessaire­s pour maîtriser le texte de cette pièce sur l’identité écrite en 1995 et à l’époque du référendum.

« On ne dit pas non à une affaire de même. Il y a bien sûr le défi, mais ce personnage, il a mon âge, et c’était un casting parfait pour moi. Cet homme est un gars ordinaire et je suis un acteur de rôles de gars ordinaires. C’est comme une expérience de vie au service d’un texte qui raconte une grande expérience de vie. J’avais envie de faire coïncider ça », a-t-il expliqué.

«Onneditpas nonàuneaff­aire demême.» - Jack Robitaille

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PHOTOS COURTOISIE NICOLA-FRANK VACHON Jack Robitaille et Sarah Villeneuve-desjardins lors des répétition­s de la pièce The Dragonfly of Chicoutimi.
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