Le Journal de Quebec

La soirée du hockey à Moscou

- RÉJEAN TREMBLAY

MOSCOU | Beaucoup de plaisir. Du jeu enlevant, des joueurs habiles, une ambiance du tonnerre, des fans vêtus de chandails et de vestes aux couleurs rouges du Spartak, une musique tonitruant­e, pas le temps de s’ennuyer…

C’est Hockey Night in Moscow… et ce samedi soir, c’est le Spartak qui reçoit le Slovan de Bratislava, la ville-patrie de Peter Stastny en Slovaquie.

Beaucoup de plaisir mais avant d’y arriver, bien des sueurs froides. Tous mes courriels avec les dirigeants de la KHL et du Spartak s’étaient retrouvés sans que je m’en doute dans leurs boîtes à pourriels.

Je ne vous raconterai pas comment je m’y suis pris pour me dépatouill­er, dites-vous que ça fait juste partie de la vie d’un reporter sur la route. Je vous dirai trois noms : Bob Hartley, Valery Kamensky et Vladislav Tretiak.

À trois heures, samedi après-midi, j’étais donc dans un immense parc boisé avec une enseigne géante Spartak, essayant de m’expliquer avec des gardiens de stationnem­ent. Je leur disais : « Hockey, Spartak, tonight et je montrais un complexe qui ressemblai­t à une patinoire ». Rien à faire, ils ne comprenaie­nt pas. Ou je disais des niaiseries.

Ils m’ont laissé passer et j’ai marché vers ce qui ressemblai­t à une entrée d’aréna. Sauf que c’était des enfants qui en sortaient. C’est là que deux gars dans la trentaine, gentils comme tout, m’ont expliqué en se servant du traducteur de leur téléphone portable que le Spartak jouait depuis trois ou quatre ans au CSKA Aréna. -C’est où ? -CSKA !, m’ont-ils écrit dans Google Maps. À 50 minutes ! Faut dire que même le samedi à Moscou, 50 minutes, c’est parfois 10 kilomètres. Tout ce qu’il y a à Moscou, c’est des autoroutes Décarie…

J’exagère. La ville est superbe. Mais le trafic, le trafic, l’hostindebe­u de trafic…

ON THE ROAD AGAIN

On a fini par retrouver le CSKA Aréna. Un bel édifice tout neuf inauguré il y a quatre ans et qui accueille le Spartak et le CSKA, deux des trois équipes de Moscou.

Mais l’aréna est installé au milieu d’un immense chantier de constructi­on où on devrait au final retrouver des stades des clubs CSKA, les anciennes équipes de l’armée rouge. Juste à côté de la patinoire, on finit par aboutir dans un gigantesqu­e parking à étages où le stationnem­ent est gratuit pour les amateurs de hockey. Première différence avec le Centre Bell où tout stationnem­ent coûte plus que 30 dollars.

Après avoir testé cinq ou six portes d’entrée, un jeune homme m’a envoyé à une entrée bien camouflée réservée aux médias. Tout ce tempslà, je me suis servi d’une carte de presse en carton du Journal de Montréal. Rien d’autre. Journal de Montréal, Kanada ! Et ça fonctionna­it à tous les coups.

Dimitri Terenchenk­o et Vladimir son patron, responsabl­e des médias, ont pris la carte, l’ont examinée et comme ils baragouina­ient un peu d’anglais, les barrières sont vites tombées. Faut dire que de glisser le nom de Bob Hartley et de Valery Kamensky a aidé plus que de répéter celui de Paul Wilson.

LA FAMILLE AVANT TOUT

J’avais une heure avant le début du match. De quoi me promener dans les couloirs, d’examiner la place. Et surtout de regarder les amateurs.

Après une demi-heure, j’avais saisi la plus grosse différence entre un samedi au CSKA et au Centre Bell.

À Montréal, le match débute à 7 heures et demie. À Moscou, les matchs commencent à 5 heures. Mais c’est mineur. Ce qui est important, c’est de voir le nombre d’enfants qui s’amusent dans les corridors en attendant le début du match. Ils jouent sur des tables de hockey, il y a des garderies pour les bambins, on voit des moniteurs prendre soin des jeunes et il est évident que des familles entières assistent aux matchs. Ce que confirme le vice-président de la KHL, Valéry Kamensky, l’ancien des Nordiques de Québec et gagnant de la Coupe Stanley au Colorado : « C’est notre objectif d’investir dans la relève et dans les jeunes. C’est pourquoi nous faisons l’impossible pour garder les prix à un niveau abordable pour la famille », disait-il hier lors d’une conversati­on.

En fait, selon Dimitri Terenchenk­o, les prix varient entre trois et cinquante dollars canadiens. Et c’est gratuit pour tous les petits enfants.

Samedi, ils étaient un peu plus que 8000 dans l’aréna. Une foule jeune, évidemment, et bruyante. Quant au calibre de jeu, je vais assister à quelques autres matchs cette semaine avant d’étaler mes états d’âme. Mais chose certaine, ce n’est pas la Ligue américaine. Le talent et la vitesse éclatent sur cette vaste patinoire. Comme dirait Ti-guy, « ça joue en sale »…

Comme certains joueurs sont payés plus que le million de dollars, on peut se demander comment les équipes peuvent faire leurs frais.

La réponse vient sans doute de Gazprom, le géant russe du gaz et du pétrole. Mais on va y revenir plus tard cette semaine. Il reste une liste d’entrevues à réaliser.

Demain le CSKA Moscou affronte justement le Spartak.

Et j’ai ma carte du Journal, pas de problème.

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Du jeu endiablé a été offert aux amateurs de hockey qui ont assisté au duel entre le Spartak et le Slovan de Brastilava, samedi soir, à Moscou.
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PHOTOS COURTOISIE YURY KUSMIN
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