Plaidoyer pour un peuple d’entrepreneurs
Depuis 20 ans, près de 2 millions $ ont été octroyés à des jeunes par les Bourses Pierre-péladeau
Lancées il y a 20 ans, les Bourses Pierre-péladeau ont poussé les jeunes entrepreneurs du Québec à avoir confiance en eux, estime l’un de ses principaux artisans, Pierre Laurin.
« Avant, on s’était un peu identifié comme des “salariés”. Aujourd’hui, de plus en plus de jeunes veulent constituer leur propre entreprise, et ça dans tous les domaines », se réjouit le président du jury des Bourses Pierre-péladeau, Pierre Laurin.
Les célébrations entourant le 20e anniversaire de ces prix qui valorisent les entrepreneurs de nos universités auront ce soir une signification spéciale pour l’ancien administrateur de Québecor, qui se souvient de ses débuts comme si c’était hier.
PETITE HISTOIRE
M. Laurin a à peine 34 ans lorsqu’il prend la tête des HEC Montréal. Quand le proche collaborateur de Pierre Péla- deau, Charles-albert Poissant, vient le chercher pour lancer les Bourses en l’honneur du fondateur de Québecor qu’il a bien connu, Pierre Laurin accepte sans la moindre hésitation.
Il prend alors son bâton de pèlerin et va cogner aux portes des universités de toutes les régions du Québec à la recherche des étudiants les plus brillants avec des projets d’entreprise novateurs.
« Ce n’est pas parce que tu as une idée que ça fait une entreprise. Il y a une différence énorme entre une très bonne idée et une entreprise », précise M. Laurin. D’où l’importance d’avoir dès le départ des critères serrés pour obtenir la crème de la crème.
Même si à l’époque ce type de prix ne court pas les rues, Pierre Laurin doit travailler fort pour le faire connaître. « Les premières années, ça n’a pas été facile », confie-t-il.
Il faut établir de premiers contacts au sein des institutions universitaires. Sans parler des universités anglophones, moins enclines à participer à l’aventure.
Heureusement, Pierre Laurin compte sur un premier jury solide, comprenant Claire Léger, des Rôtisseries St-hubert, ou encore Dennis Wood, un entrepreneur arrivé au Québec dans la vingtaine, qui a bâti son entreprise à succès de A à Z.
« Il lisait les dossiers. Il était pointu. Il était dévoué à ça », se rappelle-t-il, encore impressionné par sa grande implication.
« L’ESCOMPTE PEPSI »
Pierre Laurin a aussi encore très frais à la mémoire l’époque où les entrepreneurs québécois avec « de gros rêves », comme Pierre Péladeau, se faisaient dire non par les banquiers anglophones.
« Il y avait ce que l’on appelait à cette époque-là “L’escompte Pepsi”. Le fait d’être Québécois, c’était beaucoup plus difficile de convaincre une firme de Toronto de prendre un projet », partage l’ancien président au Québec de la banque d’in
vestissement new-yorkaise Merrill Lynch. Heureusement, les choses ont évolué, constate-t-il.
Aujourd’hui, la jeune génération s’ouvre au monde grâce aux nouvelles technologies. Plus de 60 % des projets des Bourses Pierre-péladeau portent d’ailleurs cette empreinte techno, une bonne chose selon M. Laurin.
« C’est beaucoup plus facile pour quelqu’un qui a une idée d’entreprise de faire les premiers pas en testant un marché grâce aux réseaux sociaux », observe-t-il.
Mais au-delà de l’aspect techno, ce qui a le plus de valeur pour Pierre Laurin, c’est « l’âme d’entrepreneur ». Sans elle, rien n’est possible.
« L’entrepreneuriat, ce n’est pas seulement créer de nouvelles entreprises. C’est aussi essayer de sauvegarder, d’alimenter et de récompenser l’entrepreneuriat au sein des entreprises plus grosses », conclut-il, fier que la majorité des entreprises soutenues par les bourses au fil des ans aient toujours l eur place dans le paysage économique québécois.