Voyage émouvant DANS LE TEMPS
MOSCOU | J’avais le coeur serré. Pourtant, j’ai déjà visité le Temple de la renommée du hockey à Toronto. J’ai vu des bâtons de Guy Lafleur, des photos magnifiques, de vieux patins, des rondelles historiques.
Même que lors de ma visite, on avait reproduit le vestiaire du Canadien. Quand un vestiaire était un vestiaire et non un réseau de télévision.
Le Musée du hockey à Moscou n’est pas aussi spectaculaire que le Temple de la renommée à Toronto. On l’a installé il y a deux ans dans un édifice vieux de 100 ans.
Mais l’histoire que les murs et les éléments d’exposition racontent m’ont fait chavirer. Une plongée dans le temps.
D’ailleurs, toutes les fois qu’olga Golotsakova, la responsable du musée, commençait à raconter une histoire, j’étais incapable de me la fermer. Un vrai fatiguant dans une classe du primaire…
– Sur cette photo, Viktor Tikhonov, le grand coach…
– Ben oui ! J’étais là quand la photo a été prise. Au fil des années, on avait appris à se connaître un peu. Des fois, il répondait pendant deux minutes à une question et son interprète, un grand du KGB, résumait : He said nyet ! »
J’ai vu dans le visage d’olga qu’elle n’était sans doute pas née quand les Soviétiques ont fait la place aux Russes et je me suis promis de me la fermer.
LE BÂTON DE HENDERSON
Cinq minutes plus tard, en extase devant le bâton employé par Paul Henderson pour marquer le but vainqueur de la Série du siècle, j’étais reparti.
« Cet après-midi-là, à l’époque, j’étais prof de latin, je pense que j’avais pris une journée de congé maladie pour suivre le match. À 5 à 3 pour les Soviétiques après deux périodes, j’étais désespéré… »
Olga n’était pas encore née…
Pis au fait, je n’ai pas osé le demander, mais il me semble que le foutu hockey de Paul Henderson est aussi à Toronto. Le gars jouait donc avec deux bâtons ?
Ta gueule, Réjean, les affaires vont encore bien.
Là, des médailles olympiques de Jeux que j’ai couverts. Ici, des coupures de journaux de grands exploits du hockey russe. Ici, une photo représentant des joueurs de la première génération du hockey soviétique. Ils jouaient avec des shorts et des bas de soccer, les cuisses nues.
– Au fait Olga, ça coûte combien pour visiter le musée ?
– Cent roubles pour les enfants et les handicapés. Deux cents roubles pour les adultes (deux et quatre dollars). Pour les familles, c’est gratuit.
VIVE QUÉBEC !
J’ai contemplé des masques de Vladislav Tretiak, des chandails de Slava Fetisov, des photos de cette peste de Boris Mikhaïlov. Ému et excité en même temps. Comment oublier toutes ces histoires, toutes ces aventures ?
Ici, le chandail porté par Vladimir Poutine quand il joue avec les légendes et qu’on le laisse scorer des buts. Son autographe est sur l’épaule gauche. Et je me dis que cet autographe à côté de la signature de Donald Trump sur un traité de désarmement, ce serait très cool…
Je pensais avoir fait le tour quand Olga m’a fait plier les genoux. Vous vous rappelez du Championnat du monde de 2008 à Québec ? De la médaille d’or des Russes, des partys dans tous les bars de la Grande Allée, de la joie folle d’alex Ovechkin ?
C’est sur le dernier mur avant la sortie. Tout est là.
Mieux, un artiste russe a offert une magnifique peinture du but d’ilya Kovalchuk en prolongation, but qui donnait la médaille d’or à la Russie. Là, j’ai coincé Olga. « C’est qui le joueur russe qui regarde la scène à côté de Kovalchuk ? »
Elle m’a regardé, un peu gênée, incapable de répondre.
Je ne lui ai surtout pas avoué que je n’en avais aucune idée…