Et la culture, Monsieur Legault ?
Aucun parti n’a vraiment parlé de culture durant la dernière campagne électorale. Surtout pas la CAQ et surtout pas François Legault, le nouveau premier ministre du Québec.
Lors de l’assermentation du cabinet, le mot « culture » a été prononcé. Une seule fois. Il fallait bien, puisqu’on devait nommer un ministre de la Culture. Contre toute attente, c’est Nathalie Roy, une avocate, députée du comté de Montarville depuis 2012, qui a hérité du ministère de la Culture et des Communications. Comme le veut la tradition, elle est aussi responsable de la langue française.
Sa nomination a pris le milieu culturel par surprise, Claire Samson la première. Députée de la CAQ du comté d’iberville depuis 2014, Madame Samson était taillée sur mesure pour le poste. En tant qu’ex-pdg de l’association québécoise de la production médiatique, directrice des programmes au réseau français de Radio-canada, vice-présidente de TQS et vice-présidente des communications à TVA.
L’ÉMISSAIRE DE LEGAULT
Qui François Legault avait-il délégué au débat sur la langue diffusé à Matv durant la dernière campagne ? Qui avait-il envoyé en 2014 au débat public organisé par l’association québécoise de l’industrie du disque, du spectacle et de la vidéo (L’ADISQ) ? Dans les deux cas, Claire Samson. Sûrement parce qu’elle a une connaissance remarquable des enjeux culturels.
La CAQ s’est montrée discrète en matière de culture avant l’élection, mais elle n’en a pas moins pris des engagements que je m’empresse de rappeler, car il est possible que la mémoire lui fasse défaut. Les engagements électoraux d’un parti survivent difficilement au pouvoir.
Au questionnaire présenté aux quatre partis en lice par le Réseau des conseils régionaux de la culture du Québec, la CAQ s’est engagée à garder le cap sur les orientations et les investissements annoncés dans la politique culturelle dévoilée en juin dernier par le premier ministre Philippe Couillard.
LE BONI CULTUREL DE LA CAQ
Cette politique culturelle avait ravi tout le milieu. Comment ne pas être d’accord avec l’injection de 600 millions $ de plus sur cinq ans dans nos organismes culturels ? Sans parler de la refonte des deux lois sur le statut de l’artiste, de la loi sur la SODEC et de l’accès élargi aux oeuvres culturelles, de la petite enfance à la fin du secondaire.
La CAQ a même ajouté un boni. Avec elle, chaque étudiant pourra participer gratuitement à deux activités culturelles par année. On ajoutera une heure de plus par semaine au secondaire afin que les jeunes puissent participer à des activités parascolaires artistiques et culturelles.
MAUVAIS CARACTÈRE ?
La CAQ s’est aussi engagée à soutenir le projet DestinaTIONS qui veut « reconstruire » les cultures des peuples autochtones. La CAQ souhaite aussi investir davantage dans notre industrie musicale. Marie Collin, PDG de Télé-québec, ne sera pas peu fière d’apprendre que la CAQ entend faire de sa chaîne le « vaisseau amiral » de la diffusion en ligne. Rien de moins.
J’espère que M. Legault n’a pas préféré Nathalie Roy à Claire Samson, parce que la députée de Montarville est plus « d’adon » comme on dit. Connaissant bien Claire Samson, je sais qu’elle aurait pu avoir très mauvais caractère comme ministre, si le nouveau gouvernement ne respecte pas les engagements pris en période électorale. François Legault le sait sûrement aussi. Est-ce bon signe pour la culture qu’il ait préféré Nathalie Roy ? L’avenir le dira.