Le Journal de Quebec

Recruter des donneurs de toutes les origines

Une Montréalai­se d’origine vietnamien­ne en rémission d’une leucémie met sur pied une fondation

- NADIA LEMIEUX

Une survivante de la leucémie d’origine vietnamien­ne qui avait eu d’énormes difficulté­s à trouver un donneur de cellules souches compatible veut recruter un million de donneurs ethniques à travers le monde avec sa nouvelle fondation.

Mai Duong a beaucoup fait parler d’elle en 2014. Alors âgée de 34 ans, la Montréalai­se combattait la récidive d’une leucémie. Une greffe de cellules souches était sa meilleure chance de survie.

Un obstacle majeur se dressait toutefois devant elle : les donneurs compatible­s devaient aussi être d’origine vietnamien­ne. Or, ceux-ci, de même que les donneurs d’autres origines ethniques, sont sous-représenté­s dans les registres québécois et internatio­naux.

« On se sent complèteme­nt désemparé parce qu’on se dit : “c’est la fin de mon monde”, a raconté Mme Duong. Non seulement j’ai le cancer, mais il y a peut-être un donneur parfaiteme­nt compatible quelque part dans le monde, mon jumeau cosmique, mais je n’arrive pas à le trouver. Donc, on se sent extrêmemen­t seul. »

SWAB THE WORLD

Aujourd’hui en rémission, la mère de famille se bat pour que personne d’autre n’ait à ressentir cette solitude.

Pour ce faire, elle a lancé hier la fondation Swab the World. Le swab (écouvillon) est un outil de prélèvemen­t qui permet d’établir la compatibil­ité des donneurs.

La fondation a l’ambition de trouver un million de donneurs de différente­s origines ethniques à travers le monde en 10 ans.

« Il y a une vision mondiale parce que, présenteme­nt, il y a 18 000 patients en attente de greffe et le manque de diversité dans les registres, on le voit partout », a fait valoir Mme Duong.

PLAN B

Les personnes blanches comptent pour 70 % de tous les donneurs de cellules souches dans le monde, même si 88 % de la population mondiale n’est pas d’origine caucasienn­e. Des statistiqu­es qui ne jouent pas en faveur des personnes d’autres origines ethniques qui luttent contre le cancer.

« Trouver un donneur, c’est vraiment comme gagner à la loterie », a confirmé Mme Duong.

Elle-même n’a pas gagné le gros lot. C’est plutôt le plan B de ses médecins qui l’a sauvée, soit un don de sang provenant d’un cordon ombilical.

Pourtant, ce n’est pas par faute d’avoir essayé de trouver un donneur compatible. Comme elle travaille dans le domaine de la publicité, ses collègues et elle ont créé en 2014 la campagne Sauvons Mai Duong. L’initiative a eu comme effet de faire bondir le taux de donneurs d’origine asiatique inscrits au registre québécois de 0,9 % à 4,3 %.

« [On avait] de l’affichage extérieur, des bannières sur le web et un site web. [C’était] des ressources inestimabl­es. Mais pour monsieur et madame tout le monde, se faire dire : “on ne trouve pas de donneurs compatible­s dû à votre ethnicité”, c’est épouvantab­le d’avoir ce genre de diagnostic. »

En plus de sa fondation, Mai Duong lancera le 7 novembre un livre pour enfants intitulé Lecouraged­e Bébélionne, qui aborde les sujets de la famille et de la résilience pendant la maladie.

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PHOTO AGENCE QMI, DOMINICK GRAVEL Mai Duong, survivante de la leucémie, a lancé hier à L’espace infopresse de Montréal une fondation pour recruter un million de donneurs à travers le monde en 10 ans.

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