L’omerta de l’agriculture
L’union des producteurs agricoles (UPA) est probablement le lobby le plus puissant au Québec.
Quiconque souhaite s’y frotter se fera solidement ramasser. Parlez-en à Jean Pronovost, qui avait osé, dans un rapport coup-de-poing publié il y a dix ans, remettre en doute le sacro-saint monopole de L’UPA. Ou encore à Pierre Paradis, jadis ministre de l’agriculture, qui a vu sa tête de ministre être réclamée pour avoir remis en question la mainmise des tout-puissants.
ZÉRO DÉBAT
Fondamentalement, le problème avec l’omnipotence de ce syndicat plus grand que nature, c’est qu’il est impossible de débattre ou même simplement de discuter des dessous de l’agriculture. Automatiquement, on vous accusera de vouloir condamner à mort les agriculteurs et fermer les régions du Québec. On le voit bien avec la question de la gestion de l’offre.
Pourtant, il serait souhaitable de parler objectivement de l’avenir de l’agriculture au Québec. De faire autre chose que de systématiquement demander l’intervention de l’état et d’exiger le statu quo. Quand vous bénéficiez du soutien inconditionnel des pouvoirs publics et que ceux-ci n’oseront jamais remettre en question certains dogmes ou certaines pratiques, croyez-vous que cela représente un incitatif au progrès ? À la remise en question ? Non !
VISION
Des experts comme Sylvain Charlebois, professeur de politiques agroalimentaires à l’université Dalhousie, sont d’avis que certains secteurs de notre agriculture souffrent d’un manque cruel de vision d’avenir. Soulever ce type de questions, ce n’est pas de vouloir du mal à une industrie essentielle au Québec. Au contraire, c’est vouloir assurer la pérennité de celle-ci. L’occupation de notre vaste territoire devrait être une préoccupation constante. Et s’il est vrai que cette occupation est intimement liée à l’agriculture, il faut éviter que cette industrie devienne un boulet. Le maintien de notre fierté envers nos agriculteurs passe par notre capacité à questionner ceux-ci. Faisons-le donc.